Actualités 4 avril 2020

Équipement : ça roule dans les cultures de couverture

De nouveaux outils simples et ingénieux servant à détruire les cultures de couverture se multiplient sur le marché : les rouleaux destructeurs de couvert végétal. Ces appareils sont une solution de rechange ou complémentaire des plus prometteuses aux herbicides, au paillis plastique et aux autres outils de destruction mécanique en production biologique ou traditionnelle.

Les cultures de couverture, aussi appelées engrais verts, ont de nombreux avantages : amélioration de la fertilité, de la portance et de la porosité du sol, aide à la lutte aux mauvaises herbes, aux insectes nuisibles et aux maladies, parmi d’autres. Mais il faut en stopper la croissance pour permettre à la culture principale de bien pousser. Les rouleaux destructeurs de couvert végétal, ou « rouleaux crêpeurs », excellent à cette tâche.

Les agriculteurs du Brésil sont des pionniers en la matière. Dans ce pays, des graminées passées au rouleau protègent depuis plusieurs années le sol contre l’évaporation, la chaleur et les mauvaises herbes.

Une belle diversité de modèles

La majorité des rouleaux crêpeurs sont animés simplement par l’avancement du tracteur. Ils se révèlent notoirement plus économiques que les outils de broyage, de sarclage mécanique ou d’enfouissement.

Ces rouleaux sont tous dotés de lames et détruisent les plantes de couverture en les écrasant et en les brisant à intervalle régulier sur leur longueur. Le but est d’empêcher leur repousse. On pourrait les classer en deux catégories : les appareils de type « écraseur » et ceux de type « hacheur ».

Les rouleaux écraseurs sont arrivés les premiers sur le marché. Leurs lames disposées horizontalement sont droites ou en forme de large chevron évasé. Ils sont d’un diamètre plus important et souvent fermés : on les remplit d’eau pour intensifier leur morsure. Ils permettent une bonne destruction de plantes de grande taille, y compris des graminées. Quant aux appareils de type hacheur, aux lames plus coupantes, ils sont souvent plus maniables. Ces derniers sont quelquefois plus efficaces que les « écraseurs » en végétation touffue et de faible hauteur. Toutefois, il arrive qu’ils tranchent net les graminées au-dessus du sol, ce qui permet à celles-ci de repousser.

On trouve des rouleaux dotés de lames droites ou hélicoïdales. D’autres sont armés de dents qui les encerclent suivant une spirale. On observe aussi des formules à deux ou trois rangées, parallèles ou en quinconce, ou avec des tronçons de rouleaux côte à côte (aux lames décalées), droites, courbes ou en diagonale. Il existe même un rouleau qui s’adapte au relief des planches de légumes, avec une version pour les serres.

Quelques exemples

L’UtiliTerre a rencontré Antoine Lefebvre, agriculteur et représentant pour les Équipements Lambert. Cette entreprise de Drummondville importe et distribue les rouleaux crêpeurs des équipementiers français Bonnel et Bionalan.

« Avec ses lames agressives, l’Écorouleau de la compagnie Bonnel excelle à détruire plusieurs types de plantes à feuilles larges comme les légumineuses, souligne Antoine Lefebvre. Ses lames hélicoïdales sont soudées ou boulonnées [ce qui permet de les remplacer pour maintenir leur mordant]. » L’Écorouleau est commercialisé dans des largeurs de 1,5 m à 9 m. « Cet équipement est d’abord conçu pour l’attelage avant, avec la possibilité de sections arrière sur les gros modèles. On peut donc l’utiliser en combiné avec un outil arrière comme une déchaumeuse, un semoir no-till, une charrue, etc. » L’Écorouleau peut travailler aisément à 15 km à l’heure. « D’autre part, la société ­Bonnel vient de lancer un Écorouleau pour le roulage dans les entre-rangs seulement. »

Le rouleau Biola, incliné vers le haut : le cylindre avant défibre les plantes et le cylindre arrière les plaque contre le sol. Photo : Gracieuseté de Bionalan
Le rouleau Biola, incliné vers le haut : le cylindre avant défibre les plantes et le cylindre arrière les plaque contre le sol. Photo : Gracieuseté de Bionalan

Pour sa part, le rouleau Biola de chez Bionalan excelle dans la destruction des graminées, en plus de plusieurs plantes à feuilles larges. « Cet appareil comporte deux cylindres placés l’un derrière l’autre. Le cylindre placé à l’avant est suspendu et armé sur toute sa longueur de dents réparties en spirale. Derrière se trouve un rouleau fermé à lames droites qui plaque les tiges défibrées sur le sol pour favoriser leur décomposition. Par l’intermédiaire d’une chaîne et de pignons, le rouleau arrière fait tourner le rouleau hacheur. » Le Biola s’attelle à l’avant ou à l’arrière et il est vendu en largeurs de 1 à 8 m. Il fonctionne efficacement à partir de 6 km à l’heure.

La fourchette de prix pour ces deux outils varie de 15 000 $ à 65 000 $. « C’est un bon achat à faire en commun avec d’autres producteurs », suggère M. Lefebvre.

Rouleau crêpeur couchant en quasi-totalité le seigle d’automne à la Ferme Coopérative Tourne-Sol. Photo : Reid Allaway
Rouleau crêpeur couchant en quasi-totalité le seigle d’automne à la Ferme Coopérative Tourne-Sol. Photo : Reid Allaway

La Ferme Coopérative Tourne-Sol, à Les Cèdres, utilise un petit rouleau de type écraseur de 1,5 m de large. « Nous semons le seigle l’automne d’avant dans nos parcelles qui seront consacrées aux cultures de couverture toute la saison suivante pour régénérer le sol, explique Reid Allaway, cofondateur de la ferme. En traînant le rouleau sur le seigle en fleurs, on le détruit presque à 100 %. Ensuite, la vesce velue ou le trèfle rouge, semés au printemps suivant, finissent par ensevelir le paillis. »

Le Rouleau Crop du fabricant français Guilbart. Photo : Gracieuseté de Guilbart Constructeur
Le Rouleau Crop du fabricant français Guilbart. Photo : Gracieuseté de Guilbart Constructeur

À la Ferme Germanie de Princeville, l’agriculteur Michel Thibodeau a conçu l’an dernier un rouleau qui écrase le seigle entre les rangs de soya. Son appareil se compose de deux rangées, fixées à l’avant et à l’arrière du tracteur. Chacune d’elles porte cinq sections de rouleau entre lesquelles passent les rangs de soya, qui sont protégés de chaque côté par des plaques d’acier. Les résultats ont été concluants. « Le seigle a été bien détruit et le soya a donné un bon rendement », se réjouit M. Thibodeau.