Actualités 5 août 2018

Zoom sur les innovations en lutte intégrée

Une cinquantaine de producteurs et conseillers agricoles ont participé à une journée terrain en Montérégie, le 24 juillet dernier, afin d’en savoir plus sur les nouvelles solutions de rechange aux pesticides.Voici un tour d’horizon des méthodes abordées lors de l’événement organisé par le Pôle d’excellence en lutte intégrée (PELI), l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) de Saint-Bruno et le Potager Mont-Rouge Halte Gourmande à Rougemont.

CONTRE LES MAUVAISES HERBES

Le paillis de seigle

Comme la courge d’hiver est la principale production du Potager Mont-Rouge, la recherche d’une solution pour contrôler efficacement les mauvaises herbes s’imposait. Rencontrée lors de la visite de son champ, la copropriétaire Marielle Farley explique que le seigle est semé à l’automne, bien avant les courges, qui le sont au printemps. Ainsi, elles peuvent reposer sur la paille et ne flottent jamais dans l’eau. Le paillis survit bien à l’hiver et garantit un bon rendement pour la saison suivante, souligne Carl Bélec, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Cette technique pourrait être intéressante pour la culture de brocolis également, dont les résultats des tests sont à venir, ajoute le biologiste.

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La fertilisation organique 

Comme le sarclage n’est pas une option dans la production de jeunes pousses de légumes, la gestion des mauvaises herbes représente un défi de taille. La chercheure Maryse Leblanc, de l’IRDA, a analysé le comportement des cultures de laitues et d’épinards sur un site dominé par des mauvaises herbes à feuilles larges, dont le pourpier potager. Selon ses observations, la laitue a un « meilleur potentiel de compétition » que l’épinard grâce à la fertilisation organique de printemps. Toutefois, Mme Leblanc constate que les cultures de couverture implantées à l’automne n’ont pas eu d’impact sur les populations de mauvaises herbes.

L’ivraie (ray-grass) 

Grâce au soutien de l’IRDA, le Potager Mont-Rouge a pu adopter la technique de la culture intercalaire pour ses tomates. En utilisant l’ivraie (ray-grass), Mme Farley n’a pas besoin d’avoir recours à un herbicide, ce qui rend le travail plus agréable pour les employés. Elle doit toutefois s’assurer de la planter avant que les mauvaises herbes ne sortent. Elle utilise ensuite du plastique biodégradable pour protéger ses rangs de culture. Selon la copropriétaire, l’ivraie n’améliore pas de façon significative le rendement de ses plants de tomates, mais en facilite la cueillette.

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CONTRE LES INSECTES

Les trichogrammes

Deux espèces de trichogrammes produites commercialement au Québec, T. brassicae et T. ostriniae, font l’objet de lâchers pour parasiter les œufs de teigne du poireau dans la culture biologique de ce légume. L’idée est de diminuer la présence des larves et leurs dommages. Les tests effectués en laboratoire permettent d’évaluer la dispersion des trichogrammes et le nombre d’œufs désoperculés. Cette méthode demande beaucoup de rigueur, mais démontre que ces insectes parasitoïdes sont capables d’entrer dans les œufs de teigne, soutient la chercheure Audrey Lafrenaye.

Les filets anti-insectes

Le Potager Mont-Rouge utilise des filets anti-insectes depuis trois ans pour protéger des altises sa production de basilic. « On n’en venait plus à bout, de ces insectes. Je pense qu’ils aiment [le basilic] plus que nous! » lance à la blague Marielle Farley. Grâce à ces filets faciles d’installation, les feuilles de ses plants sont intactes. Seul bémol : c’est un matériau coûteux. Les producteurs intéressés par cette technique peuvent toutefois bénéficier de subventions, souligne la productrice. 

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Les plantes pièges

Dans la production de jeunes pousses de laitues et d’épinards biologiques, un projet a permis d’évaluer l’utilisation de différents assemblages de plantes pièges pour limiter les dommages causés par les altises. Les cultures ont été établies sur trois buttes par parcelle. Les différents mélanges de plantes pièges ont été semés pour former deux parcelles de chaque côté des trois buttes de culture. Ils étaient composés d’amarante rouge, d’un assemblage de moutarde, de colza et de chou chinois. L’échantillonnage des différentes espèces d’altises a été effectué à l’aide d’un aspirateur entomologique au bout duquel on avait placé un bas collant. Résultat : les traitements composés de trois ou quatre espèces de plantes pièges attirent plus d’altises que celui avec une seule espèce.

Avec la collaboration d’Ann-Sophie Gravel, étudiante en journalisme et stagiaire à la Fédération de la relève agricole du Québec