Vie rurale 19 septembre 2014

Ruralia : un Plan Sud avant le Plan Nord SVP

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Ancien maire de Québec, Jean-Paul L’Allier suggère à Québec de travailler sur un Plan Sud avant le Plan Nord.

Avant de plancher sur le Plan Nord, le gouvernement du Québec aurait peut-être intérêt à travailler sur un Plan Sud. C’est l’opinion émise par Jean-Paul L’Allier, ancien maire de Québec, paneliste invité à la 18e Conférence nationale de Solidarité rurale du Québec, qui avait lieu la semaine dernière à Montréal. Mines ou éoliennes, les ruraux ont grandement exprimé leur volonté de participer activement au développement durable des régions. Finies les compensations, les ruraux veulent dorénavant investir dans leurs ressources et toucher des bénéfices.

Près de 1000 personnes ont ainsi pris part à Ruralia, un nouvel événement créé pour célébrer le 20e anniversaire de Solidarité rurale. Outre la Conférence nationale, Ruralia regroupait la Formation des agents ruraux, un banquet-bénéfice, la Journée de la ruralité et la Foire des villages, devenue Saint-Ailleurs-de-l’Avenir. Plus de 35 000 personnes étaient attendues à cette vitrine où les urbains pouvaient prendre connaissance des projets innovateurs des ruraux.

Urbanité et ruralité, la 18e Conférence nationale avait justement pour objectif l’ébauche d’un pont afin de combler le fossé séparant les deux mondes. Maire de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau a notamment rapporté qu’Hydro-Québec refusait d’approuver un projet de parc éolien préparé par la communauté. Le prétexte: l’accès à une ligne de transport d’énergie.

Ancien maire de Québec, Jean-Paul L’Allier a sauté sur cet exemple pour suggérer à Québec de travailler sur un Plan Sud avant le Plan Nord. Parenthèse, le caricaturiste de la Terre évoquait précisément la priorité d’un Plan Sud quelques jours plus tôt! Jean-Paul L’Allier estime que les citoyens ont le désir de bâtir leur région et qu’il convient de les informer et de les impliquer dans les différents projets de développement.

« J’ai l’impression qu’on est présentement consultés sur la façon dont on va être mangés, a-t-il affirmé en citant l’exemple de l’avant-projet de loi sur l’aménagement durable du territoire et l’urbanisme. Même chose dans l’éolien, on compense pour les dégâts. Ce n’est pas ça qu’on veut. Les communautés veulent participer aux bénéfices! »

Président de la Fédération québécoise des municipalités, Bernard Généreux a abondé dans le même sens, se demandant à voix haute quel est le niveau d’adhésion populaire au Plan Nord, cette grande ambition gouvernementale. Il faut revoir les vieilles façons de faire, réclame-t-il, disant que les MRC désireuses d’être en business se retrouvent devant des « analphabètes » en entrant au gouvernement.

« À qui appartient le territoire? a-t-il interrogé. Dans le cas des éoliennes, les compagnies disent aux agriculteurs : « Tu signes ici et tu n’as pas le droit d’en parler aux voisins. » L’éolien aurait pu être un objet de fierté. Le territoire appartient à l’ensemble des citoyens. Ce sont nos ressources qu’on exploite, pour nous d’abord. Il faut retrouver cette fierté. »

Présidente de Solidarité rurale, Claire Bolduc a pour sa part indiqué que les économies doivent se placer au service des citoyens. L’occupation des territoires doit constituer le prochain projet de la société québécoise.

« Nos territoires, on devra voir à les occuper dans un développement durable », a-t-elle déclaré.

En entrevue avec la Terre, celle-ci se disait très satisfaite de Ruralia. L’événement qui marquait le 20e anniversaire de Solidarité rurale a permis de constater l’engagement renouvelé des partenaires envers l’essence de la coalition, juge-t-elle. Elle note aussi l’enthousiasme qui « donne toujours des ailes », ainsi que la rigueur dans la démarche. À ce chapitre, elle estime que les fondements de la Politique nationale de la ruralité sont demeurés ceux d’une mobilisation de la base vers le haut.

« On est assez lucides, admet-elle, pour prendre conscience qu’il y a eu des écarts et qu’il ne faut pas fermer les yeux. Ces écarts, il faut les corriger. Par exemple, des projets décidés par des élus sans consultation, sans mobilisation du milieu. Ça, ce serait préjudiciable. Ou encore des projets qui n’ont aucune portée constructive ou des projets où l’on décide d’investir de l’argent du pacte rural pour compenser des programmes qui ne sont pas modulés ou qui ne permettent pas de réalisations, notamment dans les infrastructures. Ce ne sont pas des sommes mirobolantes, mais il faut y porter un regard aiguisé.