Vie rurale 10 novembre 2022

L’homme qui recensait les pommiers sauvages

Motivé par l’idée de mettre leurs fruits en valeur, un entrepreneur de Lanaudière poursuit une démarche de recensement et de géolocalisation des pommiers sauvages de sa région.

Des pommes sauvages cueillies par Emmanuel Beauregard dans Lanaudière.
Des pommes sauvages cueillies par Emmanuel Beauregard dans Lanaudière.

Fils d’agriculteurs ayant grandi à la Ferme des Arpents roses de Sainte-Mélanie, dans Lanaudière, Emmanuel Beauregard s’est longtemps demandé quel serait son projet agricole personnel. « Lors de mes études en Gestion et technologies d’entreprise agricole au cégep de Victoriaville, j’ai assisté à une présentation de l’arboriculteur Yves Auger, qui étudiait les pommes sauvages du Centre-du-Québec. Ses projets m’ont inspiré et m’inspirent toujours. Je m’étais aussi rendu compte en observant les pommiers sauvages qui poussaient à la ferme à Sainte-Mélanie que chacun d’entre eux était différent, et ça me fascinait », raconte M. Beauregard.

En 2020, il a entrepris de recenser et géolocaliser les pommiers sauvages et anciens de sa région. Les citoyens se sont mis à lui signaler ceux qui se trouvaient sur des terrains privés ou même en forêt. « Je les repère, en notant leurs coordonnées GPS, et je les identifie, dans l’idée d’en faire des greffons pour reproduire les variétés intéressantes », dit Emmanuel Beauregard.

Les arbres qu’il a recensés, de Sainte-Mélanie à Saint-Didace et au nord de Joliette jusqu’à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, ont des caractéristiques communes, indique-t-il. « Je n’ai pas fait de tests génétiques, mais, selon moi, il y a des pommiers sauvages descendants de la variété Saint-Laurent, qui a été très populaire fin 19e siècle, des pommes striées rouge sur fond jaune. Je pense aussi avoir repéré la jaune transparente, une variété russe de pomme d’été à la texture granuleuse. »

Dans la pépinière qu’il a aménagée à la ferme familiale, une quarantaine de variétés qu’il a sélectionnées, implantées sur une centaines de porte-greffes, attend d’être transférée au verger d’ici deux ans. « J’aimerais constituer un verger conservatoire pour conserver des variétés anciennes et locales », explique-t-il.

Son projet est également de sélectionner les variétés de pommes qu’il jugera les plus intéressantes pour faire du cidre. Depuis un an, il collabore avec la Microbrasserie Maltstrom de Notre-Dame-des-Prairies, près de Joliette, qui a acheté l’essentiel de sa récolte. D’ici à ce que la microbrasserie obtienne un permis de brassage de cidre, une première bière aux pommes sauvages fermentée sur marc de raisin blanc en barils de chêne, nommée Assemblage pomme, a été lancée le 5 novembre dernier.