Vie rurale 23 septembre 2020

Les Québécois de nouveau sollicités pour les récoltes d’automne

Les besoins en main-d’œuvre dans les fermes du Québec demeurent grands, alors que les récoltes de pommes et de raisins de cuve s’amorcent. Le retour en classe des étudiants limitant toutefois les candidats disponibles, l’Union des producteurs agricoles et le comité Agricarrières doivent trouver de nouveaux travailleurs locaux en renfort. La campagne de recrutement « J’y vais sur-le-champ cet automne » a donc été lancée la semaine dernière.

« Il y a environ 400 postes à combler. Et les étudiants, qui représentaient environ 50 % de la main-d’œuvre recrutée aux champs cet été, sont retournés à l’école », explique Geneviève Lemonde, directrice générale du comité Agricarrières.

La nouvelle campagne ciblera donc les professionnels toujours affectés par la COVID-19, notamment dans les secteurs de la culture, du tourisme et de l’événementiel. « C’est certain qu’on ne s’attend pas à recevoir autant de candidatures que ce printemps, mais on pense pouvoir profiter de la valorisation de l’agriculture depuis le début de la crise pour recruter de nouveaux travailleurs », ajoute-t-elle, rappelant que ceux-ci sont toujours admissibles à l’incitatif de 100 $ par semaine du gouvernement du Québec, et ce, jusqu’au 31 octobre. 

65 % des incitatifs vont aux TET jusqu’ici

Au départ, les incitatifs de 100 $ par semaine étaient destinés aux nouveaux travailleurs locaux recrutés aux champs et payés au salaire minimum. Puis, par souci d’équité, l’UPA et le comité Agricarrières ont incité le gouvernement à revoir l’attribution de ces subventions pour qu’elles soient aussi accordées aux travailleurs d’expérience qui gagnent jusqu’à 15 $ de l’heure et aux travailleurs étrangers temporaires (TET). Comme le manque de main-d’œuvre étrangère a été moins criant que prévu, toutefois, les TET se retrouvent plus nombreux à profiter de l’incitatif que les travailleurs locaux. « Les incitatifs jusqu’ici ont été octroyés à 65 % aux TET et à 35 % aux travailleurs locaux d’expérience et sans expérience », indique Geneviève Lemonde, précisant que ces chiffrent sont appelés à changer, puisque des travailleurs locaux n’ont pas encore fait leur réclamation. « Il faut comprendre qu’en début de crise, on ne pensait pas recevoir plus de 30 % des TET », ajoute-t-elle. Or, en date du 2 août, on estimait qu’environ 75 % de la main-d’œuvre étrangère était arrivée au Québec depuis le printemps.

Les rouages du recrutement en temps de crise

En regardant dans son rétroviseur, Geneviève Lemonde, directrice générale du comité Agricarrières, se dit plutôt satisfaite du travail accompli cet été pour le recrutement aux champs en temps de crise, malgré plusieurs imprévus et obstacles auxquels ses équipes ont dû s’adapter. « Quand on a lancé la campagne au printemps, il y a eu un boom incroyable de candidatures, et les gens s’attendaient à recevoir des réponses rapidement », dit-elle. Or les centres d’emploi agricole régionaux sont composés de petites équipes qui n’ont pas l’habitude de recevoir autant de demandes.

Environ 1800 travailleurs locaux recrutés aux champs par l’entremise des centres d’emploi agricole ont travaillé dans une ferme du Québec cet été.
Environ 1800 travailleurs locaux recrutés aux champs par l’entremise des centres d’emploi agricole ont travaillé dans une ferme du Québec cet été.

« Normalement, quand les centres d’emploi affichent un poste, ils reçoivent deux curriculum vitae. Mais là, ils en recevaient 100 à la fois. En plus, on a eu des problèmes de système informatique, parce qu’on recevait trop de demandes en même temps », soutient-elle. Pour faire patienter les candidats, des messages automatiques ont dû être ajoutés, au moment de postuler, pour les avertir qu’un délai de traitement de quelques jours était à prévoir.

Timing difficile à gérer

Comme autre difficulté, les centres d’emploi agricole devaient placer les candidats dans les fermes en fonction des besoins des agriculteurs dans chaque région. Or, ceux-ci n’étaient pas prêts à recevoir des travailleurs locaux au même moment. « Quand les producteurs de la Montérégie étaient prêts à planter, il restait encore de la neige en Abitibi. On a aussi dû expliquer ça aux gens », note-t-elle, admettant avoir probablement perdu des candidats potentiels qui n’étaient plus disponibles le temps venu. « Au moins, on sait maintenant à quoi ­s’attendre si on a à répéter l’expérience l’année prochaine », conclut-elle.


Pour accéder à la campagne « J’y vais sur-le-champ cet automne », cliquez ici.