Vie rurale 17 février 2023

Dossier – Céréales à paille et canolas 2023 : le choix des experts

Le cahier Grains a interviewé 12 semenciers et vous présente leurs témoignages sur les deux céréales à paille ou canolas qu’ils jugent les plus prometteurs pour 2023. Vous pouvez aussi consulter les détails techniques sur ces hybrides en vous rendant à www.laterre.ca/canolas-prometteurs-2023.


MARC SAUMURE – Prograin

Marc Saumure
Marc Saumure

Directeur de territoire pour Prograin, Marc Saumure suggère pour 2023 deux valeurs sûres avec le blé panifiable Fuzion et l’orge à six rangs Chambly. « Fuzion se démarque par sa tolérance à la fusariose de l’épi supérieure à la moyenne. C’est une des meilleures variétés sur le marché pour cette caractéristique », indique-t-il. Fuzion offre aussi un rendement élevé pour une variété de maturité intermédiaire tout en produisant beaucoup de paille. « Habituellement, les nouvelles variétés ont toujours de bons rendements les premières années et ça diminue par la suite. Dans le cas de Fuzion, elle se maintient depuis des années avec un bon rendement. C’est une variété que je propose aux producteurs laitiers et avicoles », précise Marc Saumure qui recommande de ne pas la semer avec une plante abri. Dans le cas du Chambly, le représentant de Prograin parle d’une variété présentant une très bonne tolérance à la verse et qui se démarque par la stabilité de son rendement depuis son introduction. « Après plus de 15 années sur le marché, elle est encore dans la moyenne en rendement. C’est un produit qui est encore demandé par les producteurs à cause de sa stabilité. Dans les rendements pour la saison 2022, le Chambly était encore dans les meilleurs », conclut-il.


ANNIE DESROSIERS – Pioneer (Corteva)

Annie DesRosiers
Annie DesRosiers

Agronome chez Pioneer pour l’Est-du-Québec, Annie DesRosiers revient pour 2023 avec le blé 25R46. « C’est un blé d’automne de type tendre rouge. Il s’est démarqué dans les dernières années pour son grand potentiel de rendement et sa stabilité à travers plusieurs environnements. C’est un plant de petite taille qui offre une excellente tenue et une bonne tolérance à la fusariose de l’épi. Ce n’est pas lui qui fera le plus de paille, mais il ne versera pas au champ », précise-t-elle. Annie DesRosiers dit attendre les résultats des tests menés par le Réseau des grandes cultures du Québec (RGCQ) afin d’introduire une seconde variété de blé pour le marché du Québec, peut-être pour 2024. Du côté du canola, l’agronome suggère le P505MSL. « C’est une variété qui a tout. Elle résiste à l’herbicide Liberty, tolère la hernie des crucifères et on peut la battre sans andainage grâce à la technologie Harvest Max. C’est l’option parfaite pour le Québec », souligne Annie DesRosiers à propos de la variété de canola offerte par Corteva. L’agronome ajoute que le P505MSL tolère également la moisissure blanche qui est présente dans certaines régions du Québec, notamment le Saguenay–Lac-Saint-Jean.


MYLÈNE DESAUTELS – Synagri

Mylène Desautels
Mylène Desautels

Experte en céréales et analyste en semences chez Synagri, Mylène Desautels propose dans un premier temps l’orge de printemps à six rangs nue Bastile. « Elle laisse ses glumes aux champs, ce qui lui donne la caractéristique d’être peu sensible à la fusariose de l’épi. Son poids spécifique est élevé, avoisinant les 72 kg/hL », précise l’agronome. Bastile a été développée pour les besoins en nutrition animale en remplacement du maïs-grain dans les zones plus fraîches comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Bas-du-Fleuve. « Nous avons mené des tests avec Agrinova en remplaçant 36,5 % du maïs-grain par l’orge Bastile et on obtenait des performances zootechniques équivalentes dans les rations », assure-t-elle. Comme second choix, Mylène Desautels suggère le blé panifiable AAC Synox. « C’est une variété avec un bon poids spécifique, avec plus de 80 kg/hL dans les trois zones du Québec. Elle présente un taux de protéines supérieur à 12 % avec un excellent rendement, particulièrement dans la zone 1. Enfin, c’est un blé accepté par les Moulins de Soulanges. » Notons qu’autant le AAC Synox que le Bastile ont obtenu une cote de 2 aux essais du RGCQ pour leur tolérance à la fusariose de l’épi.


LYNE BEAUMONT – Semence Elite (Sollio Agriculture)

Lyne Beaumont
Lyne Beaumont

Conseillère Semence Elite chez Sollio Agriculture, Lyne Beaumont propose le blé panifiable Raven comme solution pour faire face aux conditions météorologiques difficiles qui sont devenues la norme ces dernières années. « C’est une variété qui offre des rendements constants à travers les années. On vient de passer à travers des saisons qui sont très différentes côté climat et le Raven performe tout le temps, dans toutes les zones. Il a une très bonne tenue et un volume de paille très intéressant », poursuit l’agronome. Comme second choix, Lyne Beaumont suggère le canola BY 6217TF, une variété tolérante à la hernie des crucifères. « C’est un canola qui possède la résistance à la hernie de deuxième génération et est équipé de la nouvelle technologie de désherbage au glyphosate TruFlex. Ça permet une flexibilité dans les doses et le moment d’application de l’herbicide », précise-t-elle. Lyne Beaumont l’aime bien également parce qu’il peut être battu debout pour la récolte sans trop de perte. « C’est rare, les canolas qui résistent au glyphosate et qui ont de bonnes performances en battage direct. Celui-là le permet. Avant, on avait moins d’options de ce côté même si le battage debout est de plus en plus courant. C’est pourquoi c’est une variété intéressante pour les producteurs », souligne-t-elle.


SYLVAIN CHABAT – Pedigrain

Sylvain Chabat
Sylvain Chabat

Gestionnaire de compte chez Pedigrain, Sylvain Chabat propose dans un premier temps le Minestro, une nouveauté lancée en 2022. « C’est un blé panifiable de très bonne qualité, de maturité intermédiaire (90 jours) avec un rendement remarquable », souligne l’agronome. Assez haut en taille avec des grains ayant un poids volumétrique important, le Minestro est idéal pour les producteurs qui souhaitent avoir de la paille. Il peut être produit dans toutes les régions du Québec, mais offre de bonnes performances dans la zone 3. Enfin, c’est un blé qui affiche une bonne résistance à la verse et à la fusariose, indique Sylvain Chabat. Comme second choix, le représentant de Pedigrain opte pour le Topaze, un blé à barbe à maturité plutôt tardive sur le marché depuis plusieurs années. « C’est une valeur sûre chez nous. Il est apprécié pour son potentiel de rendement et sa qualité boulangère. Comme il propose un grain avec un taux de protéines assez important, il est intéressant pour les Moulins de Soulanges », indique l’agronome. Avec son bon poids spécifique et sa résistance à la verse et aux maladies, le Topaze présente une taille de paille comparable au Minestro. « Il a une maturité deux ou trois jours plus tardive, ce qui le rend idéal pour les zones 1 et 2 », conclut Sylvain Chabat.


CATHERINE FAUCHER – SQS / Agrocentre

Catherine Faucher
Catherine Faucher

Conseillère technique et marketing chez Agrocentre, Catherine Faucher présente le Coralia, un blé de printemps qui sera lancé pour la première fois en 2023. « C’est un blé de provende avec une très bonne tenue au champ qui est inscrit aux essais du RGCQ et qui a présenté des résultats très intéressants dans toutes les zones », indique l’agronome. Affichant un look distingué avec de longs épis minces et non barbus, il est peu sensible à l’oïdium, aux taches foliaires et à la jaunisse nanisante, tout en présentant une bonne résistance à la fusariose. « C’est un blé assez court, donc qui n’a pas tendance à verser. Avec ses petits grains, c’est une variété qui coûte moins cher à semer. Le Coralia est intéressant aussi pour cela », poursuit Catherine Faucher. Comme second choix, la représentante d’Agrocentre opte pour le URGC Ring, un blé d’automne sur le marché depuis cinq ans qui démontre, année après année, un potentiel de rendement exceptionnel en plus d’un bon taux de survie à l’hiver. « Dans les résultats 2022 du RGCQ, il a terminé dans le top 2 pour toutes les régions du Québec et bon premier pour la plaine de Montréal ainsi que pour la zone périphérique (3). C’est un blé qui possède une bonne résistance aux maladies foliaires et qui répond très bien à une régie de production intensive incluant des fongicides et une fertilisation optimale », précise l’agronome.


ÉRIC THÉRIAULT – Grains de l’Est

Éric Thériault
Éric Thériault

Propriétaire de Grains de l’Est au Nouveau-Brunswick, Éric Thériault propose dans un premier temps la AAC Madawaska, une orge à deux rangs offrant un très bon rendement, une excellente tenue et un poids spécifique élevé. « C’est une variété qui a été croisée avec la Leader, une orge exceptionnelle. Une de ses caractéristiques, c’était d’avoir un grain dense, et c’est un caractère qui a été transmis à la AAC Madawaska », indique-t-il. Destinée à l’alimentation animale, c’est une variété hâtive qui donne un grain très dense, une bonne qualité de paille et qui résiste à la verse. Comme second choix, Éric Thériault y va avec AAC Excellence. « Chez nous, c’est un coup de cœur du point de vue de son rendement, de la grosseur de ses grains et son poids spécifique. Elle est exceptionnelle », vante-t-il. AAC Excellence est une avoine idéale pour les producteurs à la recherche de paille étant donné sa taille relativement haute. De qualité meunière avec de très gros grains et un poids spécifique élevé, cette avoine couverte est idéale pour tout usage. En reproduction depuis près de quatre ans, le propriétaire de Grains de l’Est dit avoir assez d’inventaire de AAC Madawaska et AAC Excellence pour répondre aux besoins des producteurs en 2023.


PHIL BAILEY – SeCan

Phil Bailey
Phil Bailey

Responsable de territoire pour l’est de l’Ontario, le Québec et les Maritimes chez SeCan, Phil Bailey propose dans un premier temps le AAC Maurice, un blé panifiable tolérant à la verse qui a récolté d’excellents résultats aux essais du RGCQ cette année. « Il fait bien dans toutes les zones, mais il a affiché un index de 111 % dans la zone 1 et de 102 % dans la zone 2. Il a de plus reçu la cote 1 pour sa résistance à la fusariose », souligne-t-il. Produisant beaucoup de paille, le AAC Mauricie est idéal pour les producteurs laitiers. Comme seconde suggestion, Phil Bailey y va avec le AAC Nicolas, une avoine blanche à gruau approuvée par Quaker. « C’est une valeur sûre. Ça fait longtemps qu’il est sur le marché au Québec. Il a été développé à notre centre de recherche à Ottawa. Il a un rendement constant, est tolérant à la verse avec une bonne qualité de paille et de grains. Il est idéal pour les zones 2 et 3 », énumère Phil Bailey.


LISANNE ÉMOND – Brevant (Corteva)

Lisanne Émond
Lisanne Émond

Agronome chez Corteva, Lisanne Émond présente deux blés, des valeurs sûres qui ont fait leurs preuves lors des dernières saisons chez le semencier Brevant. Blé d’automne tendre blanc, l’Ava offre un potentiel de rendement remarquable avec une excellente cote de résistance au fusarium, une maladie d’importance dans les céréales au Québec. « C’est un très bon choix pour les producteurs biologiques. Il n’a pas la certification bio, mais on peut l’avoir dans le non-traité. Il ne contient pas d’OGM. Dans ce sens, il a un beau positionnement assez unique dans le marché québécois. » Comme second choix, Lisanne Émond y va du côté d’un autre blé d’automne, mais tendre rouge cette fois-ci, avec le Branson. Alliant super bon rendement et grains d’excellente qualité, il offre une très bonne tenue à la récolte. « C’est un bon choix pour la paille et l’alimentation animale », explique l’agronome. Le Branson se démarque également pour son excellente résistance aux maladies, notamment la fusariose.


JEAN GOULET – Semican

Jean Goulet
Jean Goulet

Vice-président à la recherche chez Semican, Jean Goulet présente deux nouveautés pour 2023 : le blé de printemps Péribonka et le seigle hybride Su Performer. « Le Su Performer a démontré d’excellentes performances dans les essais du RGCQ. Pour les producteurs qui visent des rendements élevés, c’est un seigle qui comblera les attentes », assure-t-il. Comme second choix, Jean Goulet propose le Péribonka, un blé de provende (alimentation animale) qui surprendra par sa tenue et son potentiel de rendement, au rendement constant d’une année à l’autre selon les divers types de sols. Les céréales d’automne sont idéales pour les producteurs soucieux de l’environnement et de la profitabilité de leurs champs, selon le copropriétaire de Semican. « Elles gagnent en popularité à cause des sécheresses qui surviennent de plus en plus. Avec la répartition des travaux de champ, la diminution de l’érosion pendant l’hiver et l’allongement de la fenêtre pour l’intégration des engrais verts dans le plan de culture, les céréales d’automne deviennent un choix gagnant. Le blé panifiable ou de provende, le seigle – et qui sait bientôt si l’orge ne pointera pas son nez? – sont des cultures intéressantes et payantes à tous les points de vue », conclut Jean Goulet. 


CATHERINE DUMONTIER – BASF

Catherine Dumontier
Catherine Dumontier

Représentante commerciale pour l’Est-du-Québec chez BASF, Catherine Dumontier suggère dans un premier temps une nouveauté pour 2023, le canola InVigor L350PC, un hybride pour les zones de croissance intermédiaires à longues qui associe tenue et résistance à la hernie des crucifères de première génération avec la technologie brevetée de réduction de l’égrenage. « Il a obtenu le rendement le plus élevé à ce jour. Lors de nos essais internes en 2020 et 2021, il a affiché un rendement de 115,6 % par rapport au InVigor L255PC et Pioneer 45H33 », explique l’agronome, qui ajoute que le InVigor L350PC, issu de la série 300, offre de meilleurs rendements que la série 200. Comme second choix, Catherine Dumontier opte pour une valeur sûre avec le InVigor L340PC. « C’est un canola qui est bon dans toutes les zones de croissance. C’est vraiment un hybride tout aller pour un producteur qui cherche la sécurité. Il convient parfaitement aux situations propices à la verse », souligne-t-elle. Tout comme le InVigor L350PC, il présente une résistance à la hernie des crucifères de première génération avec la technologie brevetée de réduction de l’égrenage. Aux essais de 2019 du Comité de recommandation de canola/colza de l’ouest du Canada, le InVigor L340PC a affiché un rendement de 108,9 % face aux InVigor L233PC et Pioneer 45H33.


RICHARDSON EUGÈNE – William Houde ltée

Richardson Eugène
Richardson Eugène

Chef de marché des semences céréalières et fourragères chez William Houde ltée, Richardson Eugène propose dans un premier temps l’Arona, un blé fourrager développé au Québec. « C’est un blé dont le grain peut être utilisé pour alimenter les animaux et la paille pour servir de litière. Il peut être utilisé comme plante abri dans un mélange de céréales pour l’établissement des plantes fourragères. Il est excellent pour faire de l’ensilage afin d’avoir du volume et d’alimenter les animaux », précise-t-il. Hâtif et ayant un excellent poids spécifique, l’Arona est très résistant à la verse et à la fusariose. Comme second choix, Richardson Eugène opte pour l’Ariber, une orge à six rangs sélectionnée pour le climat du Québec et pouvant être utilisée autant pour son grain que pour la paille. « Dans les dernières années, le marché de l’orge a chuté en termes de superficies semées au Québec, au détriment du blé et de l’avoine. La mise en marché a été plus difficile, mais l’orge a encore sa place et avec son potentiel de rendement élevé, l’Ariber est tout indiqué », soutient le représentant de William Houde ltée. Résistante à certaines maladies telles que les taches foliaires, la rouille et la fusariose, l’Ariber offre aussi une bonne résistance à la verse.


Cet article a été publié dans le cahier Grains de janvier 2023.