Vie rurale 24 mai 2022

Des producteurs frappés de plein fouet par la tempête

Cabanes à veaux renversées, érables déracinés, bâtiments agricoles détruits : les vents violents et les orages survenus samedi ont affligé plusieurs producteurs agricoles du Québec. Dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides, particulièrement touchées, une rencontre d’urgence a eu lieu le 24 mai entre la fédération locale de l’Union des producteurs agricoles (UPA), La Financière agricole et le bureau régional du ministère de l’Agriculture.

« On veut s’assurer que les producteurs aient accès aux dédommagements auxquels ils ont droit », indique Stéphanie Forcier, conseillère en communication et affaires publiques à la fédération régionale de l’UPA. Elle ajoute qu’outre les dommages, certains producteurs de sa région qui n’ont toujours pas d’électricité sont aux prises avec des pénuries d’eau pour nourrir le bétail et de pièces pour les génératrices.

Les cabanes à veaux de la ferme de Claude Séguin, à Brownsburg-Chatham en Outaouais, se sont envolées alors que les animaux étaient à l’intérieur. Heureusement, ceux-ci n’ont pas été blessés. Photo : Gracieuseté de la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides
Les cabanes à veaux de la ferme de Claude Séguin, à Brownsburg-Chatham en Outaouais, se sont envolées alors que les animaux étaient à l’intérieur. Une génisse a malheureusement du être abattue après avoir atterri dans la fosse à fumier. Photo : Gracieuseté de la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides

Un silo s’écrase

Si Caroline Rollin Sauvé n’avait pas eu l’idée d’aller fermer la porte de l’étable des veaux le 21 mai, elle ne serait probablement pas vivante pour raconter son histoire aujourd’hui. Le silo s’est écrasé sur la grange dans laquelle elle se trouvait quelques minutes plus tôt en raison des vents violents.

Vers 16 h, la productrice laitière de l’Est ontarien faisait le train lorsque la tempête s’est approchée de sa ferme. « Quand je suis arrivée dans l’étable à veaux, c’est là que ça a pété. Il a fallu que je reste là parce que je ne pouvais pas sortir parce que le vent était trop fort, dit-elle. Je me suis accroupie dans un coin avec mon chien. » Son mari est venu la chercher une dizaine de minutes plus tard, heureux de découvrir qu’elle n’était pas coincée sous les débris. Aucune perte humaine ou animale n’a été constatée, mais la productrice estime les pertes matérielles à 3 M$.

Des érables déracinés

À Saint-Alexis, dans Lanaudière, Maxime et Guy Laurin, producteurs acéricoles et de poulettes ont vu une grande partie de leurs érables se casser ou être carrément déracinés après le passage d’un corridor de vent violent, le 21 mai vers 17 h 30.

« Il y a eu un gros coup de vent. Ça a fait culbuter les racines; ça a pris entre 30 secondes et une minute », raconte Maxime, dont la superficie de l’érablière fait environ 2 ha. « On ne sait pas par où commencer, poursuit Guy. C’est 40 ans d’exploitation qu’on perd. On a déjà vu des arbres casser avec le vent, mais déraciner comme ça, jamais. »

Un peu plus loin à Sainte-Julienne, Entreprise Malisson fait aussi état sur les réseaux sociaux d’érables déracinés et de tubulures à refaire. La directrice de la fédération régionale de l’UPA, Andréanne Aumont, confirme avoir reçu plusieurs appels de producteurs acéricoles ayant subi des dommages, surtout dans le secteur de la MRC de Montcalm.

Plus au sud, à Terrebonne, un producteur laitier détenant 254 kilos de quota, Jasmin Mathieu, manque d’électricité depuis trois jours. Environ 600 litres de diésel sont nécessaires quotidiennement pour alimenter sa génératrice.

À Lévis, le producteur maraîcher Olivier Larouche était en train de souper quand le vent s’est levé « d’un coup ». La toile de sa serre de tomates de 3 000 pi2 a été lourdement endommagée, mais la récolte a pu être sauvée. « On a agi vite et on a rabouté la toile pour que les plants ne soient pas trop maganés. Les voisins sont venus nous aider. On a rapatrié tous les rouleaux de tape qu’on a pu avoir et on a été chanceux d’avoir beaucoup d’aide », dit-il en précisant que sa saison n’est pas compromise, même si les dommages matériels représentent des frais supplémentaires.