Actualités 6 août 2021

Un projet d’inclusion sociale qui profite aux agriculteurs

Les producteurs agricoles de Brome-Missisquoi, en Estrie, font des jaloux cet été. Ces derniers peuvent compter sur la Brigade de l’entraide agricole en renfort dans leurs champs.

La Brigade de l’entraide agricole est le plus récent projet de Pleins Rayons. Cet organisme de Cowansville, en Estrie, aide les jeunes adultes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) à intégrer le marché du travail. Chaque semaine, Pleins Rayons accueille une cinquantaine de jeunes qui participent à diverses activités socioprofessionnelles. Après l’horticulture, la couture, la mécanique de vélo et la menuiserie, la création d’une nouvelle Brigade de l’entraide agricole permet maintenant à cette clientèle de découvrir le travail agricole en vue de décrocher un emploi dans ce secteur.

 Les apprentis sont attentifs aux consignes de la maraîchère Marie-Ève Lafond, qui leur enseigne comment nettoyer les framboisiers.
Les apprentis sont attentifs aux consignes de la maraîchère Marie-Ève Lafond, qui leur enseigne comment nettoyer les framboisiers.

Pallier le manque de main-d’oeuvre

Le manque criant de main-d’œuvre en agriculture exacerbé par la COVID-19 a servi d’étincelle à Pleins Rayons. Les jeunes venaient déjà en aide à des vignerons et à des personnes âgées, pour qui ils effectuaient des travaux extérieurs. « Notre mission est de permettre aux personnes ayant une déficience intellectuelle ou un TSA de jouer un rôle de citoyen modèle, en contribuant à un enjeu de la société auquel personne ne peut répondre », précise Myriam de Coussergues, directrice de l’administration chez Pleins Rayons.

Une campagne de sociofinancement et des dons ont ainsi permis à l’organisme d’acheter une fourgonnette qui, depuis le début de l’été, transporte une dizaine d’apprentis vers des vignobles, érablières, vergers et autres productions agricoles du secteur de Brome-Missisquoi. Désherbage, récolte et préparation d’un champ pour la culture font partie des tâches confiées à la Brigade, qui offre ses services en échange de contributions volontaires. « Les producteurs sont ravis. Pour eux, qui en ont déjà plein les bras, c’est une formule clé en main », constate la fille du vigneron Charles-Henri de Coussergues.

Un coup de main gagnant-gagnant

« Les plants de framboisiers ont besoin d’être taillés et désherbés. On ne chômera pas ce matin », lance Marie-Ève Lafond aux membres de la Brigade qui viennent de débarquer chez elle pour l’avant-midi. Après un cours 101 sur l’élagage des plants, la propriétaire du Champ de la voisine, à Cowansville, laisse les six apprentis aux bons soins de leurs éducateurs, qui supervisent le travail tout en mettant eux aussi la main à la terre.

Myriam de Coussergues supervise les membres de la Brigade, en plus de travailler avec eux des aptitudes socioprofessionnelles… entre deux plants de framboises!
Myriam de Coussergues supervise les membres de la Brigade, en plus de travailler avec eux des aptitudes socioprofessionnelles… entre deux plants de framboises!

 « Ça me prend 10 minutes pour les accueillir, leur montrer la tâche, répondre aux questions et après je peux faire autre chose. C’est payant pour moi », affirme la maraîchère qui, pendant que la Brigade bichonne ses framboisiers, en profite pour installer des pièges à scarabées japonais.

Cadeau tombé du ciel pour les agriculteurs qui peinent à trouver de la main-d’œuvre, ces sorties profitent aussi aux jeunes qui gagnent en confiance et en autonomie, en plus de découvrir de nouveaux intérêts. « Sur le terrain, les éducateurs travaillent des aptitudes comme la connaissance des règles de sécurité pour utiliser des outils, la communication ou les interactions sociales », détaille Mme de Coussergues, éducatrice spécialisée de formation. Pour l’instant, une vingtaine de producteurs bénéficient des services de la Brigade. « On aimerait pouvoir offrir le service à d’autres régions et que notre modèle soit dupliqué. Il y a des demandes partout au Québec », ajoute-t-elle.

Marie-Ève Lafond, quant à elle, est enchantée par le coup de pouce de la Brigade, qu’elle accueillait pour la deuxième fois. « Les jeunes travaillent bien et sont super efficaces. J’ai été vraiment impressionnée la première fois qu’ils sont venus. Leur tâche était de désherber mes 30 000 têtes d’ail. Ils ont tout fait en un avant-midi », se réjouit la productrice, qui envisage la possibilité d’embaucher un de ces jeunes.

Marilynn Guay Racico, collaboration spéciale