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Chaque fin de semaine depuis un peu plus de cinq ans, un producteur maraîcher de Laval voit défiler dans ses champs des dizaines de cyclistes, du printemps à l’automne, et ce, malgré des affiches informant les visiteurs du caractère privé des lieux.
« Il y en a qui ont même l’arrogance de me répondre que je n’ai pas le droit de les empêcher de passer sur un chemin patrimonial ou public. Je pense qu’ils ne comprennent pas que les terres agricoles sont privées », affirme le producteur, excédé.
Après plusieurs années à ne pas comprendre pourquoi son chemin était autant emprunté par les amateurs de vélo, l’un d’eux lui a finalement appris que le tronçon qui traverse ses champs faisait partie d’un trajet proposé dans un article publié en ligne sur le site d’un magazine de plein air.
L’article en question, intitulé 5 parcours à explorer en gravel bike au Québec, publié sur le site Web du magazine Espaces, suggère entre autres un trajet à Laval, qui est repris du blogue d’un amateur de vélo de gravelle.
La boucle proposée dans ce trajet traverse une portion des terres de la Ferme Sauriol, à partir du boulevard des Mille-Îles jusqu’à l’avenue Perron, entre les cultures du producteur d’un côté et un terrain de golf de l’autre. Malgré les affiches installées à l’entrée de sa ferme pour informer les visiteurs que le chemin est privé, M. Sauriol continue de voir les cyclistes rouler en bordure de ses champs d’aubergines et de piments.
Il dit avoir tenté de joindre le journaliste qui a écrit l’article pour faire modifier le trajet proposé, sans succès. Sa seule autre solution serait d’alerter les policiers, mais ceux-ci ont « bien souvent d’autres priorités », ajoute-t-il avec découragement.
De son côté, le président du Syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Laval, Gilles Lacroix, a spécifié que le problème semblait limité à cette ferme, puisqu’il n’avait pas eu de plaintes d’autres agriculteurs du secteur pour un problème de ce genre, malgré la densité urbaine environnante.
Contactée par La Terre, la cheffe de contenus du magazine Espaces, Sarah Bergeron-Ouellet, a indiqué, dans une réponse par courriel, le 28 août, que l’article en question provenait des archives du magazine, mais que des vérifications et des rectifications des informations apparaissant en ligne seraient faites.
Une nouvelle discipline encore peu encadrée
Vélo Québec, un organisme voué à la promotion de l’utilisation du vélo, souligne que le gravel bike est une discipline assez récente au Québec, qui gagne en popularité depuis environ une dizaine d’années. « Les gens cherchent ça, de retrouver le contact avec les grands espaces qui font partie de notre territoire. Mais c’est sûr que ça peut amener des enjeux de cohabitation. Quand on arrive dans des routes de terre, la distinction n’est peut-être pas toujours aussi évidente pour quelqu’un qui n’habite pas dans le secteur, à savoir ce qui est une route privée et ce qui ne l’est pas », mentionne Ambroise Thériault, chargé de projets pour les communautés et la mobilisation chez Vélo Québec.
Selon lui, la situation devrait s’améliorer plus des organisations comme les MRC ou les villes encadreront cette nouvelle pratique, « comme ça s’est fait avec le cyclotourisme et la route verte », donne-t-il en exemple. « Avec les années, c’est sûrement le genre d’enjeu qu’on va réussir à améliorer du côté du gravel bike, car il va commencer à y avoir des tracés plus officiels pour que la vaste majorité des cyclistes qui s’initient à ça passe par ces tracés officiels, et non par ceux proposés par d’autres utilisateurs », estime-t-il.