Actualités 12 juillet 2017

Le taux directeur monte de 0,25 % : pas de panique!

Malgré une hausse de 0,25 % du taux directeur de la Banque du Canada, deux agroéconomistes réputés ne s’inquiètent pas pour la santé financière des fermes à court terme.

Après environ sept ans de faibles taux d’intérêt, la grande majorité des analystes du marché prédisaient une hausse de 0,25 % du taux cible de financement à un jour qui sert de référence. Il n’y a donc pas eu de surprise.

La Banque affirme que les dépenses des ménages ont stimulé l’économie canadienne, qui s’est avérée « robuste ». Ces dépenses devraient « demeurer solides dans les mois à venir », mais leur rythme de croissance devrait ralentir durant la période de projection. La Banque du Canada prévoit donc une hausse du PIB canadien de 2,8 % en 2017, mais de 2,0 % en 2018 et de 1,6 % en 2019. « La Banque prévoit maintenant que l’écart de production se refermera vers la fin de 2017, soit plus tôt qu’elle ne l’avait anticipé dans le Rapport sur la politique monétaire d’avril », indique le communiqué de la Banque du Canada du 12 juillet.

Les experts de la banque centrale estiment par ailleurs que l’inflation a reculé ces derniers mois, mais devrait retourner à un niveau « proche de 2 % », le plafond visé, seulement vers la mi-2018. Rien ne semble donc indiquer une nécessité de resserrer de nouveau les taux dans les prochains mois si cette prévision se réalise.

« Notre prévision, c’est une hausse de 0,25 % le 12 juillet et une autre hausse de 0,25 % en octobre, ce qui amènerait le taux directeur à 1 % en 2017 », soutenait Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins, la veille de l’annonce. Ce dernier s’attend ensuite à une pause dans les hausses jusqu’à la mi-2018 au moins. L’inflation n’est pas très élevée et l’endettement est important, ce qui devrait inciter la banque centrale à la prudence.

La hausse du taux directeur de la Banque du Canada se répercute normalement sur l’ensemble des taux d’intérêt des institutions financières, particulièrement les taux variables ou à court terme. Plusieurs institutions avaient d’ailleurs anticipé la hausse dans les jours précédant son annonce.

Pas de panique pour l’agriculture

« L’action de la Banque est faible, le signal pour l’avenir est important, mais pas de panique à court et moyen terme », estime Maurice Doyon, agroéconomiste et professeur à l’Université Laval.

Jean-Philippe Gervais, économiste en chef de Financement agricole Canada (FAC), fait sensiblement la même lecture. « L’impact sur l’agriculture devrait être minimal. Les revenus agricoles étaient très forts en 2016 et s’annoncent bien pour 2017 », évalue-t-il. Ce dernier surveille surtout le « langage » plus ou moins agressif de la Banque en ce qui concerne les éventuelles hausses de taux.

Impact sur le dollar

Une hausse du taux d’intérêt pourrait faire augmenter la valeur du dollar canadien et nuire aux productions axées sur les exportations. « Les marchés réagissent par anticipation avec une hausse du dollar canadien. Cette hausse a plus d’impact pour plusieurs productions axées sur les exportations, mais le dollar canadien demeure bas, explique Maurice Doyon. La pression pour la Banque du Canada est le nombre de hausses que les Américains feront en 2017. Il est fort possible que la stratégie canadienne soit, pour l’instant, de maintenir l’écart de taux avec les Américains. »

« Je ne pense pas que le dollar bouge beaucoup », indique de son côté Jean-Philippe Gervais. Le marché avait d’ailleurs anticipé une hausse de 0,25 % des taux et l’effet sur le dollar de l’annonce officielle d’aujourd’hui sera sans doute faible.

 

Impact de la hausse de taux d’intérêt sur un prêt de 500 000 $ sur 15 ans

Taux d’intérêt                  Paiement mensuel

2,75 %                                   3 389 $

3,00 %                                  3 448 $ (+ 59 $)

3,25 %                                   3 508 $ (+ 119 $)

Source : FAC. Voir l’outil de calcul pour simuler d’autres exemples : https://www.fcc-fac.ca/fr/logiciels-et-applications/calculateurs.html