Main-d'oeuvre 30 septembre 2022

Deux fermes refusent même des employés!

Alors que bon nombre d’entreprises agricoles peinent à trouver ou à garder des employés, d’autres ne connaissent pas de problèmes de main-d’œuvre. Voici l’histoire de deux fermes qui ont même dû refuser des candidatures. Elles partagent leurs trucs de ressources humaines.

La Ferme Réso, située à Saint-Dominique, près de Saint-Hyacinthe, cherchait quelqu’un pour travailler dans son élevage de veaux. « On a reçu une dizaine de C.V. On a passé des entrevues et trois candidats avaient vraiment le potentiel d’être embauchés. On a gardé le meilleur, celui qui avait déjà le plus d’expérience », explique la copropriétaire Sophie Brodeur.

Son secret? « Ç’a été vraiment simple. J’ai publié l’offre d’emploi sur mon Facebook, en mettant une photo de ma famille, mes enfants et Rémi [son conjoint]. Avec le fait de nous présenter, l’employé sent qu’il se joint à la famille plutôt qu’à une ferme. On avait affiché le salaire aussi, entre 17 et 21 $ de l’heure. Souvent, je vois passer des annonces où les fermes indiquent “salaire à discuter”. Je pense que c’est plus accrocheur de mettre le salaire. L’employé se dit que ce n’est pas une job à 15 $/h », raisonne Mme Brodeur.

Et pour garder l’employé qu’elle vient de recruter, Sophie n’hésite pas à augmenter son salaire en fonction de ses compétences. « Il est vraiment polyvalent. On l’a augmenté à 23 $/h et on l’augmentera encore sûrement à la fin de l’année. Je pense qu’en agriculture, on est peut-être trop radin sur les salaires. Si tu payes moins cher et que tu as de moins bons candidats, ce n’est pas nécessairement gagnant, car une erreur, ça coûte cher. Si tu en veux des bons, il faut que tu offres de quoi », exprime-t-elle.

Les proprios de la ferme donnent aussi de petits extras à leur employé comme de la viande de veau et des horaires qui lui conviennent. Ils se partagent aussi les tâches moins intéressantes pour ne pas qu’elles incombent uniquement à leur employé.

Avoir du fun

À Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, la Ferme Vachalê, de la famille Charbonneau, a dû embaucher massivement pour sa boutique de vente de lait à la ferme et la cogestionnaire de l’entreprise, Marie-Andrée Raiche, dit qu’elle n’a pas de problèmes de recrutement. Des gens postulent chaque fois qu’elle publie une offre d’emploi. Elle a même dû refuser des candidats. « On affiche sur Facebook, les gens voient nos photos. On est très actifs sur le côté humain. Les gens ont le sourire sur nos photos. Ça montre qu’on se fait du fun. Et ce n’est pas du marketing; c’est vraiment nous autres. Les gens se disent que ça l’air le fun travailler ici et ils appliquent. Ils me disent qu’ils recherchent le côté humain, qu’ils sont écœurés de se faire traiter comme des numéros, et ici, ils ne sont pas des numéros », souligne Mme Raiche.

Marie-Andrée Raiche et Jocelyne Prud’Homme, entourées d’une portion de leur équipe. L’entreprise agricole insiste pour intégrer les idées des employés, entre autres pour le développement de produits. Cela contribue à la rétention du personnel. Photo : Gracieuseté de la Ferme Vachalê
Marie-Andrée Raiche et Jocelyne Prud’Homme, entourées d’une portion de leur équipe. L’entreprise agricole insiste pour intégrer les idées des employés, entre autres pour le développement de produits. Cela contribue à la rétention du personnel. Photo : Gracieuseté de la Ferme Vachalê

Pour la rétention de ses employés, elle offre des horaires variables et pas trop chargés afin qu’ils ne soient pas exténués. Un canal de communication commun, par l’entremise des médias sociaux, communique clairement toute l’information de l’entreprise à l’équipe. Le pourboire est séparé équitablement selon les heures effectuées par chacun, et les propriétaires, qui travaillent d’innombrables heures, laissent le pourboire aux employés.