Régions 6 novembre 2018

Une caméra pour protéger la certification biologique des bleuets

Une caméra a fait son apparition dans un poste de réception des bleuets sauvages à Saint-Thomas-Didyme au Saguenay–Lac-Saint-Jean cet été, et ce, afin de protéger la certification biologique de ces petits fruits. L’utilisation des contenants de 30 livres réservés à la cueillette en forêt a été particulièrement surveillée.

L’industrie a voulu décourager les producteurs de tenter d’obtenir le prix plus élevé des bleuets bio cueillis en forêt pour les fruits provenant de leur bleuetière. « Ils les mettent dans des boîtes de 30 livres et vont les vendre comme des bleuets de forêt, qui sont des bleuets biologiques, explique le président du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec (SPBQ), Daniel Gobeil. Au lieu de se faire donner 0,35 $ [la livre], ils s’en font donner 0,80 $. On n’a pas besoin d’un baccalauréat en comptabilité pour comprendre! » 

Selon lui, une telle pratique menace la certification biologique. « Quand les bleuets des transformateurs vont se faire tester et que les résultats révéleront qu’ils ne sont pas biologiques, la marchandise va être refusée », mentionne le président des SPBQ. Pareille tache à la réputation des bleuets bio aurait nécessairement pour effet de pénaliser les producteurs qui ont investi pour convertir leur bleuetière au biologique.

Étant donné le temps requis pour effectuer la cueillette en forêt, un producteur qui se pointerait au poste de réception avec une grande quantité de caisses de 30 livres bien remplies attirerait systématiquement les soupçons sur lui.

Les transformateurs rassurants

Il ne s’agit toutefois pas d’une pratique répandue, aux dires des principaux acheteurs et transformateurs de bleuets. « On ne peut pas dire que c’est fait sur une grande échelle. S’il y en a, c’est très, très peu », mentionne le président de Bleuets Mistassini, Réjean Fortin. Il indique qu’une première caméra a été installée pour faire un test, mais il ne ferme pas la porte à une surveillance accrue au cours des prochaines années.

Jean-Eudes Senneville, de Bleuets sauvages du Québec, affirme de toute façon acheter de moins en moins de bleuets cueillis en forêt. « Pour nous, à l’heure actuelle, ce n’est pas un problème. C’est tout simplement qu’on veut sensibiliser les producteurs à l’importance du biologique et à l’importance de respecter les normes », souligne-t-il. 

La mésentente persiste sur le prix

La mésentente persiste entre les producteurs et les acheteurs de bleuets sur le prix final de la récolte de 2017. Le montant de 0,33 $ la livre offert par les acheteurs ne satisfait pas les producteurs. Les deux groupes devaient se réunir le 25 octobre. S’ils ne parviennent pas à s’entendre, les producteurs comptent se tourner vers la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec pour obtenir le droit de vérifier la méthode de calcul des acheteurs.