Prévention 21 avril 2020

Tirer le maximum de son programme de prévention

Les outils de capture de spores font l’objet d’un intérêt grandissant auprès des producteurs, agronomes et autres intervenants du milieu agricole, qui les utilisent dans le cadre de programmes de prévention des phytopathologies. Mais comment les producteurs peuvent-ils s’assurer de tirer le maximum de cet outil et de leur programme de prévention?

La capture de spores est un procédé ayant fait ses preuves dans plusieurs autres champs d’application tels que la qualité d’air intérieur, l’aérobiologie, l’allergologie et la mycologie commerciale. L’utilisation de l’outil de capture, en conjonction avec les modèles météo et le savoir-faire des intervenants, permet un emploi plus judicieux des outils chimiques de contrôle et s’insère parfaitement dans l’esprit des conclusions de la récente commission sur les pesticides, ainsi qu’avec les recommandations du gouvernement de la Coalition avenir Québec.

Multiplier les échantillonnages

Dans un premier temps, il est primordial de comprendre que plusieurs variables peuvent faire varier le nombre de spores dans l’air au-dessus des cultures (travaux en champ, vitesse du vent, radiations UV, etc.) et que toutes ces variables ne sont pas corrélables avec la sévérité de la maladie en champ. Ainsi, un seul compte de spores à un moment donné ne peut servir à tirer des conclusions solides. Plutôt, le suivi de tendance sur plusieurs échantillonnages rapprochés dans le temps sur une même parcelle permet d’avoir une meilleure représentation de la situation. De même, la comparaison des résultats de plusieurs échantillons sur différentes parcelles en un même moment peut contribuer à diminuer l’incertitude quant aux résultats.

Il n’est donc pas recommandé de faire appel à ces outils de manière discontinue ou aléatoire. Ce type d’utilisation pourrait mener à une mauvaise interprétation de la situation et donc à une mauvaise décision de gestion de cultures.

Tenir compte des conditions météo

Ensuite, afin de maximiser les opportunités de diminution d’interventions en champ ou d’extension des périodes entre les applications de fongicides, les données de spores devraient toujours être analysées en fonction du risque de développement de la maladie selon les conditions météorologiques. En effet, pour certaines phytopathologies fongiques, la présence de spores en conditions défavorables de développement de maladie peut être facilement tolérée.

Plusieurs souhaiteraient également pouvoir faire appel à des seuils d’intervention afin de faciliter la prise de décision. Bien que cette pratique soit pertinente en ce qui concerne l’observation de symptômes de la maladie directement sur plant, cette façon de faire semble difficilement applicable à la capture de spores. Pour les raisons déjà énumérées précédemment, mais aussi parce que plusieurs facteurs ne sont que difficilement pris en compte par ces outils.

Ainsi, l’expertise du producteur et de son agronome demeure un élément central et essentiel à l’interprétation de ces données à la lumière du type de culture (variété sensible/résistante, culture hâtive/tardive), d’événements météorologiques particuliers (gels printaniers, saison retardée, épisode de grêle ou vents violents), de la nature des sols, du cycle de rotation des cultures et de l’historique général de la production.

Comprendre et s’informer

L’utilisateur de ces méthodes innovantes de surveillance doit donc être bien informé sur l’applicabilité et les limitations de son programme de prévention et en comprendre les rouages afin d’en faire bon usage. Une connaissance de base de l’ensemble du processus permettra de tirer des résultats optimaux de votre programme. Il s’agit bien d’un outil d’aide à la décision qui ne doit en aucun cas se substituer au jugement du producteur et de son agronome.

Cela étant dit, la capture de spores apparaît de plus en plus importante dans le virage vers une meilleure gestion des pesticides et représente un excellent complément à tout programme de prévention de maladies. Ces données contribuent à donner une image claire et continue de la situation d’une culture, permettant de prendre des décisions en toute connaissance de cause. 

Christian L. Jacob, M.Sc., Mcb.A., Directeur de laboratoire, LAB’EAU-AIR-SOL /Programme AIR