Politique 5 septembre 2014

Gestion de l’offre : le fromage ne passe pas…

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QUÉBEC – « Tout compromis sur la gestion de l’offre est inacceptable! »

C’est ce qu’a déclaré le député Stéphane Billette (Huntingdon) dans un point de presse, ce matin, à Québec.

Manifestement, il n’a pas digéré les propos tenus plus tôt cette semaine par le ministre québécois des Affaires internationales et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée.

Ce dernier a déclaré, dans un discours sur l’accord de libre-échange Canada – Union européenne prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), qu’il n’est pas exclu que le Canada permette aux producteurs européens d’expédier de plus grandes quantités de fromages industriels. Les expéditions de fromages passeraient ainsi de 13 000 à 23 000 tonnes annuellement.

Il venait pourtant d’affirmer, comme l’a rapporté Le Devoir, mardi, que le « principe » du système agricole de gestion de l’offre, vieux de 40 ans, « n’est pas négociable »…

Un message au ministre Gendron

Le député d’Huntingdon a vu là une « ouverture » qu’il faut absolument questionner. Il a même demandé à la première ministre Pauline Marois de prendre position. « Elle est devant deux choix : ou elle le rappelle à l’ordre, ou elle l’endosse », a-t-il insisté, en parlant encore une fois de la position du ministre Lisée.

Il a également envoyé un message au ministre de l’Agriculture, François Gendron. « Le ministre vante la campagne Aliments du Québec, il dit qu’il est important de consommer québécois, mais à deux sièges de lui, au conseil des ministres, un ministre (Jean-François Lisée) dit qu’on pourrait importer 10 000 tonnes de fromages européens de plus. On a développé ici des fromages de façon magistrale. On ne peut pas accepter ça! »

Stéphane Billette croit en outre qu’un tel « compromis » sur la gestion de l’offre serait suicidaire pour nos producteurs. Il croit même que cela pourrait entraîner la fermeture de 500 fermes laitières au Québec, étant donné que la production de lait chuterait de 100 millions de litres par année.

« La gestion de l’offre, c’est la base de notre économie. Si on commence, après 40 ans, à endosser la moindre brèche, on est aussi bien de fermer nos régions! », a-t-il ajouté.

Le député de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Jean D’Amours, qui prenait part à la conférence de presse en compagnie du député de Bécancour-Nicolet, Norbert Morin, en a rajouté. « Je ne peux pas imaginer qu’un politicien prenne une position comme celle-là », a-t-il à propos des propos du ministre des Affaires internationales.

Même le ministre de l’Agriculture, François Gendron, a dû répondre aux nombreuses questions des députés de l’opposition sur ce dossier chaud.

« Les producteurs n’ont pas à s’inquiéter », a-t-il confié, mercredi, en entrevue à la Terre.

Plus tard, lors de l’étude des crédits budgétaires devant la CAPERN, le ministre a martelé le même message. « J’ai fermé la porte et je ne veux pas ouvrir dans le fromage. Je la défends, la gestion de l’offre! La gestion de l’offre, c’est pas touche. On ne touche pas au fromage parce qu’il y a des conséquences sur le lait, c’est clair ».

Il a ajouté : « C’est moi qui ai discuté avec M. Ritz (le ministre fédéral à l’Agriculture), ce n’est pas M. Lisée ». Il a toutefois pris soin d’ajouter qu’il n’est pas en froid avec lui (Jean-François Lisée).

Le ministre de l’Agriculture concède néanmoins que l’accord avec les pays de l’Union européenne, « ça reste une négociation fédérale », et que le Québec ne peut tout décider au sein de la fédération.