Politique 10 août 2015

« C’est le moment pour Stephen Harper de prendre sa retraite. »

Un gouvernement néo-démocrate sera « davantage à l’écoute » des producteurs agricoles et des régions, favorisera le transfert des entreprises familiales et barrera le chemin à ceux qui veulent ouvrir les frontières de la gestion de l’offre.

« Il faut avoir une vision à long terme », résume Ruth Ellen Brosseau, porte-parole adjointe en matière de dossiers agricoles au sein du NPD.

« Il faut prendre des mesures concrètes pour faire cesser le déclin de nos fermes familiales, ajoute-t-elle en entrevue à la Terre. Pour cela, il faut travailler avec les provinces, et non l’inverse. »

La députée sortante de Berthier-Maskinongé, âgée de 31 ans, sollicite un deuxième mandat dans sa circonscription de la Mauricie, qui compte 37 municipalités et un important bassin de producteurs laitiers et ovins. Ceux-ci suivent avec anxiété les négociations en vue du Partenariat transpacifique.

La confiance de « Tom »

Ruth Ellen Brosseau ne s’en cache pas : elle veut continuer de défendre les dossiers agricoles si elle est réélue et si son chef, « Tom », comme elle appelle Thomas Mulcair, lui en confie de nouveau la responsabilité.

La députée néo-démocrate croit avoir réussi à s’imposer au cours de son mandat. « Les agriculteurs que je rencontre depuis quatre ans me disent qu’ils se sentent écoutés et qu’ils ont le sentiment que je défends leur cause à Ottawa. Il y a plusieurs gros dossiers que je veux continuer à mener de front », souligne la jeune femme.

Et elle ajoute : « Ça fait 10 ans qu’il est au pouvoir, et c’est le moment pour Stephen Harper de prendre sa retraite. »

La confiance perdue des conservateurs

Ruth Ellen Brosseau entend marteler le même message pour renverser les conservateurs.

« J’ai de la difficulté à leur faire confiance », déclare-t-elle à propos des prises de position de ses adversaires sur les sujets économiques qui touchent l’agriculture, l’industrie de la transformation et la sécurité alimentaire.

À mots à peine voilés, elle dit que les députés conservateurs – concentrés dans les provinces de l’Ouest canadien – ne saisissent pas les enjeux agricoles du Québec et de l’Ontario.

« Il n’y a pas beaucoup de productions qui sont sous la gestion de l’offre dans ces provinces, comme c’est le cas au Québec et en Ontario », soulève-t-elle.

Elle rappelle en outre que c’est encore le Québec qui a perdu au change lors de la conclusion de l’accord commercial avec l’Union européenne.

« Il y a eu des brèches, déplore-t-elle. On va importer 17 700 tonnes supplémentaires de fromage, ce qui va affecter les fromagers québécois. »

Ruth Ellen Brosseau dit s’être tenue debout dans ce dossier qui avait soulevé la colère des producteurs de la Belle Province.

« J’ai déposé en chambre une motion pour des compensations et un programme de marketing, en vue de faire face aux changements, évoque-t-elle. J’ai réussi à faire adopter la motion, et le premier ministre a même voté en faveur des compensations. Mais il n’y en a pas encore… »

Par ailleurs, la députée sortante, qui s’exprime désormais dans un français plus que correct, prévoit que la campagne électorale sera éreintante.

Elle a déjà commencé à sillonner les rues et les rangs de sa circonscription. La semaine dernière, elle s’est arrêtée dans des champs de lavande et dans un vignoble.

« Je suis passionnée par l’agriculture. Je rêve d’acheter une maison avec un jardin et d’y élever des poules! » lance l’ancienne gérante d’un bar dans l’Outaouais, qui avoue être tombée amoureuse de la Mauricie. Elle habite à Trois-Rivières-Ouest depuis trois ans.