Actualités 17 août 2022

Pascale Martin vend ses chèvres

Productrice laitière caprine à Saint-Léonard-d’Aston dans le Centre-du-Québec depuis sept ans et administratrice aux Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ) durant quelques années, Pascale Martin a vendu son troupeau le 4 août dernier.

« La décision de vendre le troupeau de plus de 160 têtes n’était pas le reflet d’un découragement face à l’industrie », déclare la productrice. Rappelons que l’ouverture de l’usine de transformation de lait de chèvre à Kingston, en Ontario, et le plan de relance de la filière laitière caprine au Québec contribuent à créer un environnement d’affaires favorable pour cette production qui a connu des années difficiles. « Ce n’est pas triste que j’accroche mes trayeuses parce que mon petit troupeau va agrandir un troupeau qui deviendra une ferme plus structurée », indique Mme Martin.

Son cas est une « success story », selon elle, un exemple de relance du secteur. « Je suis vraiment contente parce que pour moi, dans le fond, [cet acheteur] est exactement le modèle qu’on préconisait, quelqu’un qui est motivé, qui est compétent, qui veut prendre de l’expansion et sortir des volumes plus intéressants pour les usines du Québec, c’est comme parfait », dit-elle.

La décision de vendre le troupeau relevait plutôt d’une décision d’affaire de l’entreprise. Lorsque la productrice a quitté Montréal en 2015 pour aider son frère, alors en processus de divorce, à rentabiliser la ferme familiale, Pascale Martin a repris le troupeau de chèvres et son frère a continué de s’occuper des vaches. Ces derniers divisaient les fourrages entre les deux troupeaux, ce qui n’était pas optimal ni pour l’un ni pour l’autre.

Aujourd’hui, en réfléchissant à ce qu’ils souhaitaient transmettre à la relève, les copropriétaires ont convenu en début d’année que la Ferme du Plat-Pays ne produirait plus de lait de chèvre. Si la productrice estime que son objectif de redressement de la ferme familiale est atteint, puisqu’elle a réussi à « ramener une valeur marchande » à son troupeau, le processus de vente a toutefois été ralenti par les démarches de financement de l’acheteur.

Longue attente

« Depuis février qu’on avait ficelé les morceaux et que c’était déposé à la Financière agricole du Québec. Mais on est allés de délai en délai jusqu’aux fériés de la Saint-Jean-Baptiste et de la fête du Canada. Je m’en venais à bout, explique-t-elle. Ça fait sept ans que je suis à la ferme et je n’ai pas attendu d’être au bout de mon rouleau pour vendre, mais il y a des matins où c’était la guerre des nerfs. Quand on est toute seule dans la ferme comme moi, c’est un défi […] et la détresse psychologique, ça peut être juste ça : de se dire que ce matin, je suis écœurée d’attendre. C’est ce que j’ai vécu par bout dans cette affaire, qui se dénoue quand même bien. Je suis chanceuse. »

Cogner à des portes

Cette chance est toutefois le fruit d’un travail important. La productrice affirme ne pas avoir lâché le morceau pour connaître la progression du dossier, et avoir appelé les PLCQ et la Financière à plusieurs reprises. Ses contrats n’étant pas intéressants pour l’acheteur, elle a trouvé un éleveur ne produisant pas l’entièreté de ses volumes de lait et est parvenue à les faire garantir à l’acheteur lorsque ce dernier obtiendrait son financement. « Pour que ça fonctionne, il faut parler à des gens, cogner à des portes, ne pas se faire oublier, montrer qu’on est sérieux et avoir un plan bien ficelé », dit-elle.

La décision de vendre le troupeau de chèvres relevait plutôt, pour Pascale Martin, d’une décision d’affaire de l’entreprise. Photo : Gracieuseté de Pascale Martin
La décision de vendre le troupeau de chèvres relevait plutôt, pour Pascale Martin, d’une décision d’affaire de l’entreprise. Photo : Gracieuseté de Pascale Martin