Actualités 5 octobre 2022

Nouveaux équipements : le défi de la précision

L’agriculture biologique a le vent en poupe au Québec. Le nombre d’entreprises agricoles certifiées bio est passé de 1 128 en 2015 à 2 638 à la fin de 2020, selon les données du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants du Québec (CARTV).

Si on ajoute l’ensemble des entreprises québécoises certifiées biologiques, le nombre dépasse 3 900, en date de septembre 2022. Et à mesure que la filière bio se développe, les manufacturiers de machinerie ajoutent à leur offre des équipements destinés à cette industrie en pleine croissance.

Un sarcleur multifonctions

Le sarcleur multifonctions d’Innotag est encore en développement. Photo : Claude Fortin
Le sarcleur multifonctions d’Innotag est encore en développement. Photo : Claude Fortin

« L’un des défis importants de l’agriculture biologique, c’est le désherbage », lance d’entrée de jeu Vincent Machabée, président du manufacturier de machinerie agricole Innotag, de Belœil. « Le gros défi, c’est de sarcler sur le rang. Entre les rangs, c’est facile, mais sur le rang, il faut une technique de haute précision pour ne pas arracher ou abîmer le plant », soutient l’entrepreneur qui développe ses propres technologies, dont un sarcleur, en collaboration avec la firme Synagri, capable de désherber, de semer et d’ensemencer des plantes de couverture dans un seul passage.

Une herse allemande

La firme allemande Treffler propose pour sa part aux producteurs biologiques de la province sa herse étrille de précision. Bien que la technologie existe depuis 2004, elle n’est distribuée que depuis trois ans au Québec.

« Seulement quatre fermes l’utilisent en ce moment », indique Julien Morissette, représentant de Treffler sur le territoire québécois. « Ce que la herse de précision a de particulier, c’est qu’il y a une pression constante sur toute la largeur du plan de travail », explique le représentant qui connaît bien la machine puisqu’il l’utilise depuis deux ans à la Ferme Bonneterre, de Saint-Paul-de-Joliette. « Chaque dent est indépendante l’une de l’autre, poursuit le futur agronome. Qu’on ait des creux ou des bosses, la pression est toujours la même. Ça permet d’appliquer une pression beaucoup plus précise et légère pour des cultures fragiles comme le maïs ou même les haricots extra-fins. »

La herse étrille de précision, de la compagnie Treffler, assure une pression constante sur chaque dent du peigne. Photo : Julien Morissette
La herse étrille de précision, de la compagnie Treffler, assure une pression constante sur chaque dent du peigne. Photo : Julien Morissette

Des houes guidées par caméra

La houe à deux roues permet un sarclage rapproché des plants. Photo : Murielle Bournival, agronome au CETAB+
La houe à deux roues permet un sarclage rapproché des plants. Photo : Murielle Bournival, agronome au CETAB+

Le désherbage de précision en agriculture biologique est-il le secret pour vaincre la concurrence? « Ça permet à notre culture de prendre de l’avance et ça laisse de moins en moins de place aux mauvaises herbes », explique Jean-Pierre Hivon, agronome au CETAB+.

Une fois la herse étrille passée, en début de saison, le défi consiste à retirer les mauvaises herbes du champ, le plus près possible du plant. La houe à roues doubles peut alors prendre le relais de la herse étrille de précision.

« Ce qu’on trouve sur le marché, ce sont des houes simples, c’est une rangée de roulettes. Nous, on en met une accrochée sur l’autre pour être capables de passer partout dans le champ. Ça nous permet de passer aux deux pouces, plutôt qu’aux quatre pouces, parce que la houe est double », explique Jean-Pierre Hivon.

Un GPS guide habituellement ce type de sarcleur, mais, coquetterie additionnelle, on peut y lier une caméra qui permet la correction systématique de sa trajectoire. « La caméra envoie un signal à un moniteur qui l’interprète pour optimiser l’opération. Ça nous donne une précision d’à peu près un pouce, un pouce et demi, par rapport aux plants », ajoute l’agronome.

Quand le système « D » s’en mêle

Aux technologies sophistiquées s’ajoutent aussi certains bricolages qui font la différence pour les producteurs de légumes biologiques. La Ferme Tournesol, par exemple, est munie d’un « bulleur » à salade et d’une essoreuse nés de la débrouillardise et du génie de leur concepteur, la Coopérative pour l’agriculture de proximité (CAPÉ). Le bulleur consiste en une cuve à laquelle un tuyau de plomberie est fixé jusqu’à son fond. Une fois l’eau ajoutée dans la cuve, de l’air est envoyé dans le tuyau. Le bouillonnement lave la salade qui est ensuite retirée pour être essorée dans une machine à laver recyclée.

La fabrication du bulleur pour le lavage de salade s’est déroulée lors d’un atelier en autoconstruction organisé par la Coopérative pour l’agriculture de proximité (CAPÉ). Photo : Reid Allaway
La fabrication du bulleur pour le lavage de salade s’est déroulée lors d’un atelier en autoconstruction organisé par la Coopérative pour l’agriculture de proximité (CAPÉ). Photo : Reid Allaway

Claude Fortin, collaboration spéciale