Main-d'oeuvre 5 juin 2023

Résident permanent après 5 ans d’attente

Après plus de cinq ans de démarches, Valentine Alfonso Galaviz Ramirez, qui a intégré la ferme Potager Mont-Rouge en 2010 comme travailleur étranger temporaire (TET), a finalement obtenu son statut de résident permanent du Québec.

Suivi de la une du 7 septembre 2022

« On pleurait tous les deux. Finalement! » s’est exclamée au bout du fil sa patronne, Marielle Farley, qui l’a épaulé sans relâche dans ce long processus. La productrice de Rougemont, en Montérégie, estime à 20 000 $ les frais qu’a déboursés sa ferme pour venir à bout de toutes les procédures requises pour le faire immigrer officiellement avec sa famille, mais ne regrette pas sa démarche. Valentine, un employé de confiance qui s’est rapidement démarqué par ses compétences, a maintenant en main une autorisation de résidence permanente, tout comme sa conjointe, aussi employée du Potager Mont-Rouge, et ses enfants, qui vont déjà à l’école à Saint-Hyacinthe. 

Depuis 2018, le travailleur, qui avait manifesté sa volonté d’arrêter les allers-retours entre le Québec et le Mexique, n’était plus un TET. Il avait plutôt un permis de travailleur étranger spécialisé qui lui permettait de rester au Québec à l’année avec sa conjointe et ses enfants, mais ce permis devait être renouvelé tous les deux ans, explique Mme Farley. Dorénavant, les demandes de renouvellement de papiers ne seront plus nécessaires.

Réforme des programmes d’immigration

Récemment, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration a proposé plusieurs changements à ses programmes d’immigration, dont certains, assure-t-il, seront « bénéfiques » pour les travailleurs étrangers temporaires agricoles. 

En ce moment, pour espérer s’installer dans la Belle Province de façon permanente avec leur famille, ces travailleurs doivent passer par le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui exige une connaissance minimum du français oral de niveau 7 (intermédiaire) sur une échelle de 12. Souvent, les hauts standards en français sont un frein majeur à l’immigration pour les TET, fait remarquer Mme Farley. Son employé Valentine a d’ailleurs bûché très dur pour ­passer le test requis. 

Or, avec la réforme des programmes d’immigration qui entrera en vigueur en 2024, une option supplémentaire, comprenant une exigence en français moins sévère, sera à la portée des travailleurs étrangers agricoles souhaitant s’installer au Québec. Le Programme de sélection des travailleurs qualifiés intégrera un nouveau volet qui tient compte des « compétences intermédiaires et manuelles » de la plupart des TET. Ces derniers pourront donc souscrire à ce volet du programme, qui exige un niveau 5 en français oral.

En revanche, cette option nécessite un équivalent de diplôme d’études secondaires du Québec ou de diplôme d’études professionnelles, ce qui pourrait représenter une embûche pour plusieurs TET. Selon un producteur de l’île d’Orléans qui embauche beaucoup de main-d’œuvre, Guy Pouliot, une minorité de travailleurs mexicains a en main de tels papiers, bien qu’ils soient hautement qualifiés. D’ailleurs, l’un de ses travailleurs étrangers, qui est à deux doigts d’obtenir sa résidence permanente par l’entremise du PEQ, n’a pas de diplôme.