Un second souffle grâce à la pandémie

LATULIPE-ET-GABOURY – Il y a deux ans, une pancarte « À vendre » était plantée devant la résidence de Jean-Pierre Duclos Jr. et Vicky Brunet, de Latulipe. Le couple originaire du sud du Québec, qui s’était établi au bout d’un rang du Témiscamingue en 2004, souhaitait se rapprocher de la famille. La pandémie a donné un second souffle aux deux producteurs bovins et a rapproché un de leurs fils de la ferme.

« Nos deux plus vieux étaient partis. La petite disait qu’elle voulait aller rester chez son frère Jean-Pierre, qu’elle voyait ses parents vieillir, moi aussi, et on se trouvait loin de la famille », raconte Vicky Brunet.

En mars 2020, un mois après la fin du contrat avec l’agence immobilière, Vicky Brunet reçoit un appel. Un client chinois se montre très intéressé par la terre et offre au couple le prix demandé. Prise d’un vertige, Vicky Brunet refuse catégoriquement. « Avec tout ce qui se passe, on s’est rendu compte qu’on était bien ici. » Le couple a mis une croix sur la préretraite et a plutôt choisi de conserver sa centaine de têtes, ses 344 hectares en culture et ses 202 hectares de forêt. La ferme s’est aussi dotée d’un nouveau tracteur, sa plus grosse acquisition en termes de machinerie agricole. « En s’achetant un tracteur neuf, on est partis pour au moins 15 ans », estime Vicky Brunet.

Benjamin Brunet-Duclos s’est acheté une maison dans le village de Latulipe l’été dernier.
Benjamin Brunet-Duclos s’est acheté une maison dans le village de Latulipe l’été dernier.

« Nouveaux » Témiscamiens

Jean-Pierre Duclos Jr. et Vicky Brunet sont loin d’être issus de dynasties agricoles, mais la campagne a toujours fait partie de leur mode de vie. Vicky Brunet a grandi avec des chevaux et des poules, à Saint-Patrice-de Sherrington. Quant à Jean-Pierre Duclos Jr., il a passé son enfance en milieu urbain. Son père avait toutefois comme deuxième métier celui de producteur bovin à Vaudreuil. « Ça fait quand même 30 ans que je nourris des vaches! Ç’a toujours été dans mes plans d’avoir une ferme », confie l’agriculteur de 45 ans.

Son père et son oncle, qui avaient fait l’acquisition de trois fermes à Latulipe, avaient espoir de l’attirer dans le projet. Mais, à la première proposition, pas question pour Vicky Brunet d’emménager aussi loin! « Je me disais : “Ça n’a pas de bon sens!” », lance-t-elle. En constatant que leurs deux enfants fréquentaient une école trop grande pour se croiser, le couple a finalement essayé l’expérience témiscamienne pour un an au printemps 2004. La famille n’est jamais repartie depuis.

Le retour de Benjamin

L’été dernier, la pandémie a aussi entraîné le retour à Latulipe de Benjamin, le fils cadet de Vicky et Jean-Pierre Jr. Il habitait à Montréal depuis près de deux ans. « Ça me manquait d’être dehors, me promener en tracteur, aller en motoneige, en VTT… J’ai toujours aimé ça, les aider sur la ferme. Maintenant, s’ils ont besoin d’aide une journée, je peux aller les aider », témoigne le jeune homme de 22 ans.

Ce retour suscite une réflexion sur la passation de l’entreprise à une prochaine génération. « Benjamin a toujours été mon bras droit sur la ferme. Il était petit et il faisait tout! » se souvient sa mère. « Il a les qualités et le potentiel. Il serait sûrement meilleur que moi, même! » renchérit son père. Pour le moment, le principal intéressé, actuellement entrepreneur, n’a pas de plan, mais il ne ferme pas la porte. « Il n’y a rien d’impossible, mais je sais que mes parents en ont encore pour plusieurs années. » 

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