Le bonheur est dans… les champs de fraises!

SAINT-ARSÈNE – Depuis près de deux siècles, la famille LeBel exploite une entreprise agricole à Saint-Arsène, non loin de Rivière-du-Loup. En cours de route, l’entreprise s’est scindée en deux : la Ferme Bernard LeBel pour la production laitière et la Fraisière LeBel pour la production maraîchère. Martin LeBel, qui représente la troisième génération de maraîchers, a trouvé le bonheur dans les champs de fraises après avoir d’abord baigné dans l’univers du génie mécanique.

Fernand LeBel et Marie-Paule Bérubé ont commencé la culture des fraises en 1965. Leur fils Bernard et sa femme, Diane Lajoie, ont ensuite pris la relève en 1983. Puis, en 2018, leur petit-fils Martin et sa conjointe, Nathalie Bernier, ont, à leur tour, pris les rênes de l’entreprise.

Si la reine des petits fruits constitue le fleuron de la Fraisière LeBel, cette dernière produit aussi d’autres fruits et légumes sur un total de 50 acres (20 hectares) de superficie : framboises d’été et d’automne, bleuets en corymbe, maïs sucré, pommes de terre, carottes, haricots jaunes, concombres, betteraves, citrouilles et tomates cerises.

Martin LeBel n’avait pas prévu faire carrière en production maraîchère. Il a d’abord obtenu un diplôme d’études collégiales en techniques de génie mécanique au cégep de Lévis-Lauzon. C’est là qu’il a fait la connaissance de Nathalie, qui étudiait en arts et lettres. Les deux tourtereaux ont ensuite poursuivi leurs études à l’Université du Québec à Trois-Rivières, où Martin a décroché un baccalauréat en génie mécanique et son amoureuse, un baccalauréat en ­loisirs, culture et tourisme. Originaire de Normandin, au Lac-Saint-Jean, la jeune femme a grandi dans une ferme laitière.

Martin a travaillé comme ingénieur pendant cinq ans dans la grande région de Québec. En 2011, il a ressenti l’appel de l’agriculture, de ses racines, de son histoire ancestrale, de son territoire natal. À 28 ans, il a tout abandonné pour revenir vers la terre qui l’a vu grandir. Il faut dire que l’été, il venait toujours prêter main-forte aux champs. À cette époque, il n’y avait que la culture de fraises et de bleuets en corymbe, en plus de la production laitière.

En 2018, il a acheté les parts de ses parents dans le secteur maraîcher et sa sœur Anne-Sophie, avec son conjoint, Anthony Ouellet, prend la relève de la ferme laitière de leurs parents, qui demeurent toujours actionnaires.

Les trois enfants de Nathalie Bernier et de Martin LeBel travaillent pour l’entreprise agricole pendant l’été. Dans l’ordre : Étienne, 14 ans, Rosalie, 12 ans, et Éliot, 6 ans.

Au plus fort de la saison, la Fraisière LeBel compte près de 50 employés, dont 28 travailleurs provenant du Guatemala et du Mexique. Les membres de la famille, répartis sur trois générations, contribuent au succès de l’entreprise : les grands-­parents, Bernard et Diane, les parents, Martin et Nathalie, et leurs trois enfants âgés de 6 à 14 ans, Étienne, Rosalie et Éliot. 

Avant l’arrivée de Martin et de Nathalie à la fraisière, 90 % des fraises étaient livrées à Montréal. « Aujourd’hui, 90 % de nos fraises sont vendues localement et 10 % à Montréal, souligne Martin. Je suis fier de dire qu’on met beaucoup d’énergie localement et qu’on travaille fort pour nourrir les gens d’ici. C’est d’ailleurs ma philosophie. »

Pour l’homme de 39 ans, la relève d’une ferme familiale vient avec sa part de responsabilités. « Je suis dans la suite des actions entreprises par Maman et Papa. Ce sont eux qui m’ont transmis des valeurs et la passion de nourrir les gens ­localement et ce sont les clients qui sont notre raison d’être, qui nous permettent d’être ce qu’on est. C’est une relation gagnant-gagnant. La qualité et l’encouragement des gens, c’est ce qui fait notre succès. »

Excellente rétrospective 

En mars 2022, pendant que toute la famille était confinée à la maison en raison de la COVID-19 que les enfants avaient rapportée de l’école, Nathalie a proposé à son conjoint de s’inscrire au concours Tournez-vous vers ­l’excellence! de La Financière agricole du Québec. « Ça m’a amené à faire une rétrospective, raconte Martin. Les questions étaient difficiles. » 

En juillet, il a reçu une lettre pour lui annoncer qu’il se classait parmi les 10 premiers candidats à avoir été sélectionnés. « Être parmi les 10 premiers sur 25, c’était déjà une victoire! » Il a reçu une autre lettre à la fin août qui lui a appris qu’il se trouvait maintenant parmi les trois finalistes. En novembre, il a remporté le prix, assorti d’une bourse de 5 000 $. « C’est une fierté, une tape dans le dos, une reconnaissance des pairs. » En 2017, Martin LeBel a aussi reçu le prix de la relève de l’Association des ­producteurs maraîchers du Québec.


Fait maison

Avec son passé d’ingénieur mécanique, inventer des outils qui n’existent pas sur le marché ou qui sont hors de prix est devenu comme une seconde nature pour Martin LeBel. Avec son frère Mathieu, un artisan du fer, il a inventé un épandeur à bran de scie pour le contrôle biologique des mauvaises herbes dans sa production de bleuets. « La maladie de Mummy Berry est un champignon qui s’attaque au bleuet, explique-t-il. En recouvrant les bleuets de bran de scie, c’est un moyen de lutte biologique. » L’ex-ingénieur a aussi fabriqué un arracheur de tuyaux. « C’est une machine pour retirer mon goutte-à-goutte du sol quand la production de fraises est terminée. Ça m’a coûté environ 100 $ de fer et le reste, ce sont des équipements récupérés. » L’agriculteur a aussi conçu un sarcleur à légumes, un pulvérisateur et une butteuse pour les fraises.

Martin LeBel a fabriqué un arracheur de tuyaux, soit une machine pour retirer le goutte-à-goutte du sol.

3 conseils pour… réussir en affaires

Croître de manière stable

« La croissance doit toujours être stabilisée, conseille Martin LeBel. Il faut monter l’échelle progressivement, surtout dans le maraîcher, où on est dépendant de la nature. Il ne faut pas trop s’endetter. »

Accepter ses limites

Un autre conseil consiste à accepter ses limites comme individu. « Il faut aller à la hauteur de nos capacités », affirme-t-il.

S’amuser au travail

Le producteur maraîcher croit qu’il faut voir son travail comme un agrément. « Dans l’agriculture, on est des passionnés. Donc, on ne se trouve pas à travailler, mais à s’amuser. C’est ce qui nous permet de passer à travers. » Pour que tout le monde puisse s’amuser, il importe aussi, selon lui, d’écouter les commentaires de ses employés afin d’améliorer leurs conditions de travail. « Les employés font partie d’une grande famille! » lance-t-il.

La Fraisière LeBel transforme plusieurs de ses produits.
Fiche technique 🍓🥕
Nom de la ferme :

Fraisière LeBel

Spécialité :

Production maraîchère

Année de fondation :

1965

Noms des propriétaires :

Martin LeBel et Nathalie Bernier

Nombre de générations :

3

Superficie en culture :

50 acres, dont 20 acres de fraises


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