Ma famille agricole 10 février 2019

Apprivoiser la vie rurale au petit trot

SAINT-LOUIS-DE-RICHELIEU — En acquérant une terre de 12 arpents laissée à l’abandon en 2013, Vanessa Breton et Mathieu Roy réalisaient un vieux rêve. Elle allait pouvoir vivre sa passion pour les chevaux et lui, résider à la campagne. Mais l’apprentissage de la vie rurale n’est pas simple et le couple a dû franchir les obstacles, un saut à la fois.

Il y a de la fébrilité dans l’air à la ferme Northern Heaven. Eowin, une magnifique jument Cleveland Bay, est sur le point de pouliner. Si le résultat de l’échographie s’avère exact, il s’agira de l’un des seuls mâles de cette race, presque éteinte, à naître au Canada depuis 100 ans. 

Pour la famille Breton-Roy, ce premier poulain à voir le jour dans son écurie sera la concrétisation d’un projet de longue haleine. « À part la fierté, la joie, l’excitation et le stress, on sent que notre rêve de faire connaître le Cleveland Bay au Québec et au Canada se matérialise », confie Vanessa Breton, qui se passionne pour cette race réputée pour sa polyvalence.

Vanessa Breton, qu’on aperçoit avec la jument Ostara, traite ses chevaux aux petits oignons : journées au grand air, moulée biologique et friandises faites maison sont au menu.
Vanessa Breton, qu’on aperçoit avec la jument Ostara, traite ses chevaux aux petits oignons : journées au grand air, moulée biologique et friandises faites maison sont au menu.

La vie en campagne

En rencontrant Vanessa à Montréal en 2011, Mathieu Roy a compris qu’il avait affaire à une « fille d’équitation ». « À nos débuts, elle m’emmenait voir le cheval qu’elle gardait en pension et me racontait ses projets. De mon côté, je rêvais de quitter la ville. Je me suis dit que plutôt que de payer une pension et de faire la navette constamment, on pourrait avoir notre propre maison à la campagne avec une écurie », mentionne l’entrepreneur de 37 ans, qui gère son agence de marketing numérique depuis sa résidence.

Les citadins ont déniché en 2013 une petite propriété en Montérégie. Si le prix payé était raisonnable, la maisonnette et les bâtiments présentaient en revanche un état de décrépitude avancée. « Au-delà de la condition des bâtiments, je voyais le potentiel du terrain qui possède un petit lac et un boisé », poursuit-il. 

Graduellement, ils ont remis à neuf l’intérieur de la maison, refait la fondation de l’écurie, planté une bleuetière et construit un garage. Ils ont aussi eu leur première enfant, Maélie, aujourd’hui âgée de quatre ans. Ce n’est qu’après deux ans de travaux qu’ils ont enfin acquis une première pouliche Cleveland Bay d’un éleveur de Virginie dans le but d’en faire l’élevage. 

La concrétisation de leur rêve comporte toutefois son lot de sacrifices, reconnaît Vanessa. « Il y a une grande différence entre avoir un cheval en pension et posséder une écurie, lance-t-elle. Tes chevaux deviennent tes enfants. Tu ne peux pas rester au lit le matin parce que tu fais de la fièvre. Même si ça n’arrête jamais, je ne regrette pas une seule seconde mon choix. Je suis à ma place. »  

Un apprentissage de tous les instants

Vivre dans une ferme ne vient pas avec un manuel d’instructions, notent Vanessa Breton et Mathieu Roy, qui se félicitent d’avoir pu compter sur la solidarité de plusieurs producteurs de la région qui leur ont prodigué de nombreux conseils sur l’entretien de la machinerie ou encore sur l’aménagement de leur bleuetière. « La première fois que j’ai utilisé mon nouveau tracteur tondeuse, ça m’a pris la journée au complet pour faire le terrain et j’ai réussi à briser une pièce, se souvient Mathieu. Heureusement, on a des voisins qui sont de vrais agriculteurs et qui sont généreux de leur temps. Certains d’entre eux sont même devenus de bons amis! » 

David Riendeau, collaboration spéciale.