Actualités 12 novembre 2018

L’agronome et la réglementation : la valeur du conseil agronomique pour s’y retrouver

Les défis ne manquent pas lorsque l’on choisit de faire carrière en agriculture en tant qu’agronome. Le travail en production végétale comporte de nombreuses exigences d’ordre technique, réglementaire et scientifique ainsi que des considérations environnementales.

Le respect des règles de l’art en agronomie étant primordial, dans un premier temps, l’agronome doit justifier ses actions en se basant sur ses connaissances, son expérience et son approche scientifique tout en se souciant de l’impact économique qu’auront ses décisions sur la rentabilité de l’entreprise. À cet effet, il faut noter que les modifications au Code de gestion des pesticides restreignent l’emploi de certains produits phytosanitaires et requièrent un plus grand encadrement de la part des agronomes.

À titre d’exemple, au cours de la saison de croissance 2018, l’agriculteur devait avoir en main une prescription pour acheter et utiliser l’un des herbicides contenant de l’atrazine. Cela n’est pas banal puisque l’agronome s’appuie sur l’historique des champs de son client de même que sur une connaissance des différentes solutions de remplacement. Ces deux éléments représentent le fondement sur lequel repose la justification agronomique. Le professionnel peut alors juger si l’atrazine est le meilleur choix d’après une situation déterminée. Précisons que selon la réglementation en vigueur, l’utilisation de ce type de produit n’est pas bannie, mais tout à fait possible si elle est justifiée.

Les éléments de justification tiennent compte notamment des antécédents d’emploi ou non d’atrazine, des mauvaises herbes en présence, de leur stade optimal, du type de sol (texture et pourcentage de matière organique) ainsi que de la pente.

On prodiguera aussi des conseils en vue de l’application concernant :

  • les conditions météo à privilégier;
  • les distances d’éloignement sécuritaires à maintenir (ex. : zones tampons et zones à risques environnementaux);
  • l’entretien et le réglage du pulvérisateur et l’utilisation des buses adéquates;
  • les mesures de sécurité à prendre.

L’agronome fournit une aide aux agriculteurs en les encadrant et en leur donnant les explications nécessaires au respect des nouvelles réglementations : registres, prescriptions, déclarations, etc.

Depuis le 8 septembre 2018, les enrobages de semences à base de néonicotinoïdes requièrent une prescription. Il existe des outils d’aide à la décision, des solutions de rechange et d’autres choix d’insecticides qui comportent des indices de risque moins élevés. Il est très important de contacter votre fournisseur de semences pour valider les différentes options étant donné que la logistique d’approvisionnement peut parfois être difficile.

Par conscience professionnelle et en lien avec les responsabilités de son code de déontologie, l’agronome se doit d’évaluer, au-delà des aspects agronomiques et environnementaux, l’impact économique immédiat et futur de sa décision et d’être en mesure de la justifier. L’agriculture durable passe par la rentabilité à la ferme dans le respect des règles et de l’environnement, et l’agronome fait partie de l’équation. 

Prescription obligatoire

Depuis le 8 septembre 2018, les semences d’avoine, de blé, de canola, d’orge, de soya et de maïs (grain, fourrager et sucré) qui sont traitées avec des néonicotinoïdes dont les ingrédients actifs sont la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame nécessitent une prescription en vue de leur achat. Ces semences ainsi traitées forment dorénavant une nouvelle classe de pesticides (3A) et sont assujetties à certaines règles. Votre agronome sera en mesure d’en justifier l’utilisation ou de vous suggérer une solution de remplacement.

Benoit Brunelle, Agronome, Directeur principal, réseau Agrocentre