International 11 avril 2017

Le «protectionnisme» canadien dénoncé aux États-Unis

L’introduction d’une nouvelle catégorie d’ingrédients laitiers, la classe 7, suscite de vives réactions aux États-Unis. Le journal Wisconsin State Farmer n’y va pas avec le dos de la cuiller dans son édition du 5 avril.

La publication soutient que la politique protectionniste du Canada a pour effet de fermer la porte aux exportations américaines « en violation des accords commerciaux existants entre les deux pays ».

Le journal rapporte que la classe 7, récemment instaurée dans le cadre d’une nouvelle entente entre producteurs et transformateurs de lait canadiens, a été spécifiquement conçue pour désavantager les exportations américaines vers le Canada.

Il y a un an, les producteurs de lait québécois s’apprêtaient à manifester à Ottawa contre les importations de lait diafiltré. Aujourd’hui, ce sont les producteurs américains qui fulminent contre la baisse draconienne de ces livraisons, conséquence de la mise en place de la nouvelle classe 7. Crédit photo : Archives/TCN
Il y a un an, les producteurs de lait québécois s’apprêtaient à manifester à Ottawa contre les importations de lait diafiltré. Aujourd’hui, ce sont les producteurs américains qui fulminent contre la baisse draconienne de ces livraisons, conséquence de la mise en place de la nouvelle classe 7. Crédit photo : Archives/TCN

Pressions sur Trump

On y mentionne aussi que les organisations laitières américaines font aujourd’hui pression sur l’administration Trump afin de contre-attaquer les politiques protectionnistes du Canada. Dans cette logique, il ne serait pas étonnant de voir la gestion de l’offre être remise en question dans le cadre d’une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

« Nos gouvernements fédéral et d’États ne peuvent accepter ce mépris canadien à l’égard de cet accord de commerce avec les États-Unis et son intention de poursuivre des politiques qui étranglent les ventes de produits laitiers américains au détriment de nos producteurs de lait », a pour sa part affirmé Tom Vilsack. Celui-ci, un ancien secrétaire d’État au département américain de l’Agriculture (USDA) sous l’administration Obama, est aujourd’hui président du US Dairy Export Council.

Pertes de 150 M$ US

Le président de l’International Dairy Foods Association, Michael Dykes, chiffre pour sa part les pertes américaines à 150 M$, qui résultent de la fin des exportations de lait diafiltré provenant des États du Wisconsin et de New York.

Les représentants des associations laitières américaines déplorent également le « manque de transparence » d’Ottawa et de certaines provinces quant au fonctionnement de la classe 7 et de la nouvelle entente.

Jim Mulhern, président de la National Milk Producers Federation américaine, a déclaré que les politiques protectionnistes du Canada ont atteint l’objectif. « Elles ont stoppé les exportations de lait diafiltré vers le Canada en dépit des contrats existants depuis longtemps avec les compagnies américaines. »

Jim Mulhern ajoute que les transformateurs américains ont investi dans de nouveaux équipements afin de produire le lait diafiltré. Ces compagnies, dit-il, ont aussi invité les producteurs américains à produire plus de lait pour satisfaire la demande canadienne.

Est-il besoin de rappeler que les producteurs de lait du Québec ont de leur côté martelé l’an dernier que le lait diafiltré avait été spécifiquement mis au point par les industriels laitiers américains pour « contourner » les règles canadiennes aux frontières? Ils ont aussi pressé le gouvernement fédéral de préciser la véritable nature du lait diafiltré : du lait ou un ingrédient? Ils faisaient valoir que ce produit ne pouvait être à la fois un ingrédient quand il passe la frontière et du lait lorsqu’il parvient aux usines. Ottawa est jusqu’ici demeuré muet quant à cet enjeu.