International 27 septembre 2019

Les importations reliées au PTPGP dérangent

Moins d’un an après l’entrée en force du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), les importations laitières en provenance des pays signataires commencent à faire leur chemin jusqu’ici, et ce, à des prix défiant toute concurrence.

« On entend des histoires d’horreur de fromages importés à 4 $/kg. Ce n’est pas la norme, mais c’est quand même venu à nos oreilles », souligne le président-directeur général du Conseil des industriels laitiers du Québec (CILQ), Charles Langlois. En comparaison, le Conseil évalue les coûts de la matière première laitière pour les transformateurs canadiens entre 8 et à 9 $/kg. Cette féroce compétition en -provenance de l’Océanie préoccupe le -dirigeant alors que la mise en œuvre du PTPGP ne vient que de commencer. « Qu’est-ce que ça va être dans cinq ou six ans? » se demande M. Langlois.

Entré en vigueur le 30 décembre 2018, le PTPGP accorde l’équivalent de 3,1 % du marché canadien à 10 pays de la zone transpacifique, soit le Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, le Pérou, Singapour, le Vietnam de même que les géants laitiers que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Signataires à l’origine, les États-Unis se sont retirés de l’entente à la demande du président Trump.

L’accord commercial entraînera des pertes de marché de 160 M$ par année à vie pour le secteur laitier, calculent les Producteurs de lait du Québec (PLQ). L’organisation préfère attendre la fin de l’année avant de faire un bilan détaillé des impacts actuels du Partenariat. Tout comme dans l’entente de libre-échange avec l’Europe, la majeure partie des importations des pays du PTPGP pourrait arriver au Canada pour la période des Fêtes, fait remarquer le porte-parole des Producteurs, François Dumontier.

Accès alloués

Pour 2019, le sommaire d’utilisation des contingents tarifaires publié par Affaires mondiales Canada révèle que les volumes d’importations de « mozzarella et fromages préparés » ont été attribués à 100 %. Les importations des autres types de produits laitiers s’avèrent cependant plus négligeables. La liste des détenteurs de contingents varie en fonction des produits, mais les principaux transformateurs laitiers du pays, notamment Agropur, Parmalat et Saputo, en font partie.

Les Chinois s’offrent une coopérative néo-zélandaise

Yili, un conglomérat contrôlé en partie par le gouvernement chinois, se porte acquéreur de Westland Milk Products, la 2e plus importante coopérative laitière de Nouvelle-Zélande. Yili figure au 8e rang des transformateurs laitiers dans le monde, tout juste devant Saputo.

Le passage de Westland dans le giron de Yili signe la fin de sa structure coopérative. La transaction est estimée à 500 M$ CA. Selon Rabobank, la compétition féroce que se livrent les deux poids lourds chinois Yili et Mengniu sur leur marché intérieur les incite à regarder outre-mer pour croître. « Les Chinois s’installent un peu partout dans le monde pour approvisionner leur marché domestique », explique le PDG du Conseil des industriels laitiers du Québec, Charles Langlois, en citant l’exemple de l’entreprise chinoise Feihe, qui possède une toute nouvelle usine de préparation pour nourrissons à Kingston, en Ontario.