Insolite 19 octobre 2023

Une étable en forme de château fort

Alexandre Labonté lance les paris de l’étable la plus originale du Québec, lui qui vient de terminer la construction d’un grand bâtiment de près de 3 M$ en forme de château fort qui abrite maintenant ses bovins de boucherie, sa machinerie et ses réserves de foin. 

« J’ai pris un an pour y penser. Je suis quelqu’un de très créatif. J’ai tout le temps aimé l’architecture et j’ai dessiné le bâtiment au complet, avec les tours et un revêtement spécial pour les murs. C’est un chef-d’œuvre architectural! » s’exclame l’agriculteur de Beaumont, près de Lévis. 

La Terre l’a questionné sur les motivations derrière cette construction de forme médiévale. « La question n’est pas pourquoi, mais pourquoi pas », répond-il simplement. Chose certaine, son bâtiment de 30 sur 60 mètres (100 x 200 pieds) fait tourner les têtes. « La trail de Ski-Doo passe pas loin et les gars faisaient le détour pour venir me féliciter, l’hiver passé. Et quand on bâtissait, les ouvriers n’en revenaient juste pas comment c’était beau. Tout le monde est émerveillé; même moi, j’ai un sourire chaque fois que je regarde le château », commente M. Labonté, qui a confié la construction à des entrepreneurs. 

L’étable comporte deux étages. « Les bâtiments en hauteur ont une meilleure aération. L’air chaud et les mouches montent et sont évacuées. Les animaux sont bien et au sec », indique M. Labonté.

Fait particulier, il a également fait creuser un bassin le long du bâtiment pour rappeler les douves, ces fossés remplis d’eau qui entouraient les châteaux et les villes fortifiées. Dans son cas, « les douves » pourraient servir à irriguer ses cultures de foin, ou ses grandes cultures, mentionne-t-il. 

Vente de la ferme laitière

Alexandre Labonté avait pris la relève de son père dans la ferme laitière familiale, laquelle a ensuite été rasée par un incendie, en 2020. Après un moment de réflexion, il a préféré quitter la production laitière et ainsi vendre le quota afin de se lancer dans un élevage qui exige moins d’heures de travail, soit l’élevage de bovins de boucherie.

Je ne voulais plus avoir d’employés. Aussi, j’ai décidé de faire une grosse réorientation d’entreprise en virant ça au biologique. Si j’étais resté dans le lait, en bio, il aurait fallu sortir les animaux tous les jours. C’est trop d’ouvrage.

Alexandre Labonté

AllyJames Castle Farm 

En changeant le type d’élevage, le producteur a changé aussi le nom de l’entreprise familiale, la Ferme Labonté s’appelle maintenant AllyJames Castle Farm, en référence au nom de ses enfants et de son bâtiment en forme de château. L’éleveur a acquis cette année un troupeau de bovins de races Angus et Limousin. Il compte utiliser plusieurs de ces animaux comme mères porteuses avec l’objectif de créer un troupeau d’environ 140 bêtes de Wagyu pur-sang. « C’est tellement le meilleur steak que j’ai mangé que la décision n’a pas été longue à prendre », fait-il valoir pour justifier son choix vers la race Wagyu, originaire de l’Asie et réputée à travers le monde pour le persillage de sa viande.

L’agriculteur compte vendre la viande de ses bovins directement à la ferme dès le printemps prochain et se servir de l’image particulière de son étable comme élément marketing pour attirer les consommateurs au kiosque qu’il envisage de bâtir. Sa stratégie de mise en marché n’est toutefois pas coulée dans le béton, dit-il, précisant que si la vente directe accapare trop de son temps, il pourrait simplement vendre ses animaux, par exemple, en carcasse complète ou en demi-carcasse.  

L’architecture du bâtiment ne manque pas d’attirer l’attention des passants. Photo : Bertrand Proulx

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