Insolite 9 septembre 2017

Une alliance Québec-France bénéfique pour les patenteux

MONT-SAINT-GRÉGOIRE Alors que la technologie prend de plus en plus de place dans l’industrie agricole, des producteurs du Québec et de la France s’unissent pour redonner ses lettres de noblesse au savoir-faire traditionnel. Ensemble, ils mettent en commun leurs connaissances afin de fabriquer des machines peu coûteuses.

Une cinquantaine de membres de l’Atelier paysan de France et de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ) du Québec se sont réunis le 25 août dernier à la Ferme Cadet-Roussel, à Mont-Saint-Grégoire. Certains sont déjà des autoconstructeurs, alors que d’autres s’intéressent tranquillement à l’idée de fabriquer et de réparer eux-mêmes les outils nécessaires à la ferme.

Comme l’indique le slogan de l’Atelier paysan, la mission est de faire passer les cerveaux avant les serveurs. « Dans le domaine du maraîchage en France, cette compétence [de l’autoconstruction] n’était pas acquise. La machinerie est de plus en plus sophistiquée et la technologie n’est pas appropriable », constate Joseph Templier, cogérant et référent technique à la coopérative française.

Autonomie

Ce dernier n’en est pas à son premier séjour de formation au Québec. Cette fois, il en a profité pour transmettre des notions d’autoconstruction tirées d’un guide élaboré par sa coopérative française. Selon lui, tout peut être fait avec du matériel accessible « au commun des mortels ». Il suffit de suivre les plans de conception, même si l’on n’a jamais fait de soudure de sa vie, pour réaliser une véritable économie de temps et d’argent.

« On a réussi à fabriquer une déchaumeuse qui nous a coûté le tiers du prix du marché, soit environ 4 000 $. Nous étions 14 personnes à nous amuser pour monter la machine. C’était une belle expérience! » raconte Reid Allaway, copropriétaire de la Ferme Tourne-Sol, des Cèdres, et cogérant de l’autoconstruction à la CAPÉ.

La coopérative a réussi à confectionner une douzaine de machines au cours des dernières années, grâce à une collaboration avec l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe. « Les paysans sur petites surfaces ont des besoins qui sont mal comblés. On a des entreprises diversifiées et si quelqu’un invente un outil, on peut ensuite aider d’autres producteurs à être mieux équipés », témoigne Yan Gordon, propriétaire des Potagers des nues mains, à Sutton.

Tout comme son collègue de la CAPÉ, il se réjouit de constater que de plus en plus d’agricultrices se joignent au mouvement de l’autoconstruction. Le regroupement est d’ailleurs à la recherche d’un nouveau partenaire afin de louer des ateliers de production et de travailler avec des étudiants attirés par cette dernière.