Actualités 4 juillet 2018

Le goût amer de la classe 7

MADISON — Les producteurs laitiers du Wisconsin ont la classe 7 du Canada en travers de la gorge. Ces ingrédients laitiers visent à contrecarrer les importations massives de lait diafiltré en provenance des États-Unis.

Au printemps 2017, l’entente intervenue entre les Producteurs laitiers du Canada et les transformateurs du pays concernant la création de la classe 7 permettait de colmater une brèche dans le système de gestion de l’offre. Conséquence directe, Grassland, l’un des plus importants fabricants de lait diafiltré des États-Unis, laissait tomber une soixantaine de fermes du Wisconsin. Plus d’un an plus tard, et même si la plupart de ces élevages ont trouvé un autre acheteur pour leur lait, la classe 7 fait toujours jaser au Wisconsin.

« Nous avons eu notre part de démêlés avec la gestion de l’offre, particulièrement les problèmes avec le lait diafiltré. Ç’a été un dur coup pour l’économie du Wisconsin », lance la directrice des affaires gouvernementales à la Wisconsin Farm Bureau Federation, Karen Gefvert, visiblement contrariée. « C’est une chose de se compétitionner, mais c’en est une autre de se monter sur la tête, renchérit Shelly Mayer, des Professional Dairy Producers of Wisconsin. Ce sont des fermes familiales qui en ont payé le prix. »

« Avec la classe 7, le Canada fait du dumping sur le marché mondial de la poudre de lait. Les Néo-Zélandais, les Hollandais et les autres puissances laitières sont aussi frustrés que nous le sommes », déclare John Holevoet, directeur des affaires publiques et gouvernementales pour la Dairy Business Association.

De gauche à droite : Karen Gefvert (Wisconsin Farm Bureau Federation), John Holevoet (Dairy Business Association) et Shelly Mayer (Professional Dairy Producers of Wisconsin). Crédit photo : Julie Mercier/TCN
De gauche à droite : Karen Gefvert (Wisconsin Farm Bureau Federation), John Holevoet (Dairy Business Association) et Shelly Mayer (Professional Dairy Producers of Wisconsin).
Crédit photo : Julie Mercier/TCN

 

Désinformation

« Quand Grassland a perdu le marché canadien, tout le monde disait : “À bas le Canada”, raconte pour sa part l’éleveur Jerry Volence. C’était stupide et arrogant de notre part de baser notre marché sur des failles dans le système canadien », assure-t-il.

« Le Canada avait parfaitement le droit de fournir cette classe d’ingrédients laitiers à ses transformateurs. Chaque pays devrait s’occuper d’abord de sa population, fait remarquer son collègue Jim Goodman. C’est ce que Trump veut faire avec America First. Les consommateurs canadiens préfèrent sûrement acheter du fromage fait avec du lait canadien. C’est leur droit », conclut le producteur.

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