Le temps des sucres entre dans son moment fort, avec plusieurs coulées significatives à travers le Québec. « On embarque dans le fun, on est drette dedans », s’exclame David Bolduc, l’un des cinq producteurs suivis par La Terre depuis le début de la saison. Avec les prévisions météo favorables, certains acériculteurs anticipent même une grosse saison des sucres 2022.

Zoé Bisaillon, Montérégie
Fin de  l’entaillage : 16 février
Première évaporation : 12 février
Objectif de rendement : 4,5 lb/entaille
Rendement en date du 24 mars : 2,65 lb/entaille
Nombre d’entailles : 8 500

« Les érables ont coulé pas mal hier [le 24 mars]. Toute la nuit, ça coulait et ça ne lâche pas aujourd’hui », partage Zoé Bisaillon, d’Acton Vale. Sa production de sirop va bon train et sans pépins. « On est heureux; la qualité du sirop est excellente. On produit un sirop clair avec un vrai bon goût d’érable », souligne celle qui exploite 8 500 entailles. Son système de tubulure est étanche et le taux de sucre de l’eau se maintient à 2 degrés Brix. Contrairement au début de saison où le pressage du sirop bloquait, tout s’effectue maintenant avec fluidité. Zoé Bisaillon préfère ne pas trop s’emballer, mais les prévisions météo sont de bon augure. « Je suis toujours réticente à annoncer que ce sera une grosse saison, car la météo peut changer du tout au tout, mais pour l’instant, j’ai une bonne impression. On est optimistes d’avoir une belle saison cette année. Pour l’instant, la température est parfaite », exprime-t-elle. 

David Bolduc, Chaudière-Appalaches
Fin de l’entaillage  : 19 février
Première évaporation : 23 février
Rendement en date du 24 mars : 1,42 lb/entaille
Objectif de rendement : 7,5 lb/entaille
Nombre d’entailles : 3 225

David Bolduc vient de recevoir sa première coulée d’envergure. « Le pied des érables est dégelé. C’est pas mal la première grosse coulée aujourd’hui […] Quand ça part, c’est un bon feeling. On voit le résultat de notre entaillage », dit celui qui exploite 3 225 entailles à Saint-Jacques-de-Leeds. Le taux de sucre de 2,3 degrés Brix le satisfait et le sirop plus savoureux de milieu de saison se pointe le nez. « On est encore dans le début de la saison, mais le goût commence à changer. Le sirop est très bon. La couleur est devenue plus foncée et je ne sais pas pourquoi, car l’eau était très claire, mais il commence à repâlir. La nature est bonne », commente-t-il. L’acériculteur est optimiste pour les prochaines semaines. « Les températures s’en viennent intéressantes; ça regarde très bien », assure-t-il. Son réseau de collecte d’eau est étanche, mais il lui manque un peu de chaleur pour détecter les microfuites. Après quoi, il devrait être parfaitement étanche. 

Bianka Pagé, Mauricie
Fin de l’entaillage  : 25 février
Première évaporation : 24 mars
Objectif de rendement : 4 lb/entaille
Nombre d’entailles : 4 000

« Nous avons bouilli pour la première fois hier. Le sirop est un peu plus clair que d’habitude, mais il est vraiment bon. Il a un bon goût d’érable qui nous a même surpris. Ça regarde bien pour les prochains jours », dit avec enthousiasme Bianka Pagé, copropriétaire de l’Érablière Pagé-Savard et Filles à Saint-Alexis-des-Monts. Elle avait accumulé près de 20 000 litres d’eau d’érable, au froid, avant d’allumer l’évaporateur pour une première fois le 24 mars. Son entreprise avait remporté un prix pour avoir produit l’un des meilleurs sirops d’érable en 2021, ce qui lui ajoute une pression supplémentaire. « J’avais la petite nervosité du début; je me demandais ce que le sirop goûterait cette année. Avec ce qu’on vient de faire, on est rassurés », affirme-t-elle. L’eau n’est pas très sucrée pour l’instant, à 1,4 degré Brix. L’acéricultrice apprécie pleinement son début de saison, elle qui a pris de l’expérience depuis ses débuts, il y a deux ans.  « Je suis positive et je suis en forme. On va travailler fort pour atteindre nos objectifs. Et avec les températures qu’ils annoncent, ça regarde bien pour que les sucres se prolongent jusqu’à Pâques. » 

Sandra Gaudet, Témiscamingue
Fin de l’entaillage  : 15 mars
Premier bouillage : 21 mars
Rendement en date du 24 mars :  0,4 lb/entaille
Objectif de rendement : 4 lb/entaille

L’Érablière les petits doigts collants, de Sandra Gaudet, venait de recueillir près de 4 000 litres d’eau d’érable lors de l’entrevue avec La Terre. « Et ça continue! On en ramasse encore », dit celle dont la cabane à sucre est située dans la région du Témiscamingue. Le lent début de saison a permis à son conjoint et elle d’installer un nouveau maître-ligne et une nouvelle section de tubulure. « Tant qu’à être dans le bois et à attendre que ça coule pour la peine, on s’est installés », explique Mme Gaudet. Mais l’épaisse couche de neige dans son secteur a compliqué les activités. « De la neige? Oh que oui, il y en avait! On s’enfonçait jusqu’à la taille, même en raquette, et la neige qui retombait sur le dessus des raquettes était lourde. On s’est fait des cuisses et toute une séance de cardio! » partage l’acéricultrice. Elle remarque que l’eau est plus sucrée qu’à l’habitude, avec 2 degrés Brix. Elle anticipe également une grosse saison. « La météo est prometteuse pour les prochains jours », dit celle qui demeure à Saint-Bruno-de-Guigues.

Wesley Levasseur, Bas-Saint-Laurent
Fin de l’entaillage  : 11 mars
Première évaporation : 21 mars
Objectif de rendement : 5 lb/entaille
Rendement en date du 24 mars : 0 lb/entaille
Nombre d’entailles : environ 200 000

Wesley Levasseur a produit 17 barils de sirop, un volume somme toute minime pour les 200 000 entailles qu’il exploite avec sa famille à Saint-Athanase. « Le sirop qu’on a fait est d’une couleur foncée. C’est normal. Je le trouve cependant très, très bon pour une première coulée. Il a fallu moins concentrer l’eau, car ça voulait bloquer dans les membranes », raconte M. Levasseur. Ce dernier a reçu des précipitations de neige dernièrement, et non de pluie, ce qui limite l’émergence d’eau d’érable. Puis, les prochaines prévisions météo indiquent… encore de la neige. « C’est certain que j’ai hâte d’avoir de vraies coulées  », dit l’acériculteur, qui souligne les effets d’un faible écart de température. « J’ai un ami sur le bord du fleuve qui a eu d’excellentes coulées. Lui a reçu de la pluie; moi, de la neige. C’est comme hier, les érables ont voulu donner de l’eau. Si on avait juste eu un peu plus de chaleur, l’eau viendrait. Des fois, c’est un degré qui fait toute la différence », fait-il remarquer. Lors de la dernière entrevue avec La Terre, les écureuils posaient problème. Une situation toujours préoccupante. « C’est vraiment incroyable, autant de dommages! J’ai vu des affaires que je ne pensais pas voir. Ils mangent les chalumeaux au complet. J’ai même vu des fuites sur mes maîtres-lignes causées par les écureuils », déplore-t-il.