Forêts 1 novembre 2023

La SOPFIM, une alliée dans la protection de nos forêts privées

Organisme privé à but non lucratif créé en 1990, la Société de protection des forêts contre les insectes et maladies (SOPFIM) est la principale intervenante en matière de lutte contre les insectes ravageurs forestiers au Québec. Elle a pour mission de protéger la ressource forestière contre les insectes et maladies en harmonie avec son milieu.

Le principal mandat de la SOPFIM à ce jour vise la protection des forêts québécoises pendant l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette. Pour ce faire, la SOPFIM réalise des programmes de pulvérisations aériennes d’insecticide biologique Bacillus thuringiensis variété kurstaki (Btk) sur les forêts du Québec. Suivant l’épidémie, des campagnes d’arrosage ont lieu dans les forêts privées situées en Abitibi-Témiscamingue, au Bas-Saint-Laurent, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans la Capitale-Nationale, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et dans la région de la Chaudière-Appalaches. Il n’est pas exclu que les secteurs protégés s’élargissent selon les régions touchées par l’épidémie.

Dès la fin de l’été, les équipes terrain de la SOPFIM s’affairent en forêt à échantillonner les larves de tordeuse au stade L2, donnée qui permet de connaître les populations larvaires à venir pour l’année suivante. Photo : SOPFIM

Programme de protection

Parmi les programmes de protection de la SOPFIM, celui qui concerne les propriétaires forestiers est le programme de protection des petites forêts privées qui existe déjà depuis 2017. Celui-ci a été rendu possible grâce à un investissement de 20 M$ du gouvernement du Québec et pour lequel il a été annoncé, un peu plus tôt cette année, qu’il sera reconduit jusqu’en 2026-2027. Une bonne nouvelle pour les propriétaires de boisés privés.

Ce programme vise à protéger les investissements de l’État (plantations et éclaircies) qui ont été faits sur les lots des petits propriétaires forestiers (moins de 800 hectares d’un seul tenant) et à développer une expertise en protection sur de petites superficies où la planification et la préparation des interventions sont beaucoup plus complexes qu’en forêt publique. 

Notons que le mandat de la SOPFIM n’est pas d’exterminer la tordeuse sur les territoires qu’elle protège, mais bien de contrôler les populations d’insectes de manière à maintenir au moins 50 % du feuillage annuel des arbres pour ainsi leur permettre de survivre le temps de l’épidémie. Les traitements prescrits pour les peuplements affectés par la tordeuse dépendent principalement de trois facteurs : l’essence majoritaire du peuplement, son état de santé et le niveau de population d’insectes présente dans ce même peuplement. 

Critères d’admissibilité  

Les superficies pouvant être admises aux programmes de pulvérisation sont appelées « aires admissibles ». Ces aires admissibles sont des peuplements à haute valeur économique, vulnérables aux dommages causés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette et répondant aux critères spécifiques énoncés à chaque programme annuel d’intervention.

Plusieurs territoires sont susceptibles d’être touchés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Seuls les propriétaires reconnus comme producteurs forestiers et ayant des peuplements répondant aux critères suivants sont admissibles au programme de protection. Le certificat de producteur doit être valide au moment de la signature du protocole d’entente et est revérifié sur une base annuelle en date du 1er juillet.

  • La superficie de l’aire doit être supérieure à 4 hectares d’un seul tenant et la largeur doit être d’au moins 80 mètres.
  • Les peuplements doivent être composés d’essences vulnérables (sapin baumier, épinette blanche et épinette de Norvège) et être âgés de 21 à 60 ans.
  • Le territoire doit avoir été aménagé (traitements sylvicoles subventionnés par le gouvernement).

Si ce programme vous intéresse, nous vous invitons à contacter un conseiller forestier de votre région, à consulter notre site Web (www.sopfim.qc.ca) ou à nous contacter au 418 681-3381.


Bilan des cinq dernières années

Depuis sa mise en place en 2017, le programme de protection en petite forêt privée a évolué. Plusieurs régions se sont ajoutées selon l’expansion de l’épidémie et certains critères d’admissibilité ont été allégés afin de permettre à plus de propriétaires de bénéficier du programme.

Jusqu’à présent, un peu plus de 36 100 hectares, répartis entre 3 900 propriétaires, ont pu bénéficier des pulvérisations aériennes. Cependant, ce n’est pas l’ensemble de ces superficies qui est systématiquement traité chaque année. Une campagne d’échantillonnage est effectuée à l’automne dans les aires admissibles pour déterminer les niveaux de population de tordeuse des bourgeons de l’épinette en dormance. Ce sont ces mêmes populations qui causent les dommages le printemps suivant et c’est précisément sur cette donnée que sont basées les prescriptions de traitement. En procédant ainsi, la SOPFIM s’assure d’optimiser l’utilisation de ses effectifs en protégeant seulement les superficies qui le nécessitent chaque année.

Malgré la décroissance notable des populations de tordeuse des bourgeons de l’épinette dans certains secteurs du territoire de la forêt privée depuis 2021, la SOPFIM maintient ses campagnes d’échantillonnage intensif sur tout le territoire où elle intervient et s’assure que, s’il y a recrudescence des populations, elle sera là pour protéger les peuplements vulnérables.


Superficies protégées (ha) depuis le début du programme en petites forêts privées (PFP)


Régions
201820192020202120222023

Bas-Saint-Laurent

10 759

7 400

14 266

19 392

10 488

2 681

Saguenay–Lac-Saint-Jean

1 335

1 076

2 160

1 309

1 846

581

Capitale-Nationale
000057

Abitibi-Témiscamingue
00000368

Côte-Nord

31

171

340

179

159

108

Gaspésie– Îles-de-la-Madeleine

283

218

844

1 478

961

948

Chaudière-Appalaches
00000
461

Province

12 408

8 865

17 610

22 358

13 459

5 154

Planification 

La planification d’un programme de pulvérisation débute au milieu de l’été, lorsque les dommages causés par la tordeuse sont apparents dans les arbres. Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts effectue son relevé aérien. Ce relevé permet de déterminer l’ampleur des dégâts causés par la tordeuse et de constater l’évolution de l’épidémie sur le territoire québécois. Dès la fin de l’été, les équipes terrain s’affairent en forêt à échantillonner les larves de tordeuse au stade L2, donnée qui permet de connaître les populations larvaires à venir pour l’année suivante. C’est ensuite en analysant l’état de santé des peuplements et le nombre de larves au stade L2 que l’on pourra fixer le nombre d’applications d’insecticide biologique Btk qui seront nécessaires pour un secteur donné. La détermination du nombre d’applications est basée sur des grilles de prescriptions bien précises et qui sont propres à chaque essence. Ces prescriptions de traitements deviennent par la suite les blocs d’arrosage qui seront traités au printemps suivant par les hélicoptères et les avions.

Par contre, dans le cas du programme de protection en petite forêt privée précisément, la planification débute plus d’un an d’avance puisque les conseillers forestiers doivent transmettre à la SOPFIM les informations géomatiques relatives aux nouvelles propriétés à inclure au programme ainsi que les documents administratifs avant le 1er juillet de l’année précédant les pulvérisations.

Les pulvérisations aériennes sur les forêts privées sont majoritairement effectuées par hélicoptère et ont lieu entre la fin mai et le début juillet.

Pulvérisations aériennes

Les pulvérisations aériennes sur les forêts privées sont majoritairement effectuées par hélicoptère et ont lieu entre la fin mai et le début juillet. 

La pulvérisation d’insecticide par voie aérienne nécessite des conditions particulières pour que le dépôt de l’insecticide biologique soit uniforme et adéquat : un vent très faible, un feuillage sec, l’absence de pluie et une chaleur au sol pas trop intense. Ces conditions sont habituellement présentes le matin très tôt (entre 4 h et 9 h) et en fin de journée (entre 18 h et 21 h 30).

Pour ce faire, seul l’insecticide biologique Bacillus thuringiensis variété kurstaki (Btk) est utilisé. Il s’agit d’une bactérie qui est naturellement présente dans le sol, l’eau et sur la végétation, et qui produit une protéine cristallisée ingérée par les insectes cibles lorsque ceux-ci s’alimentent sur du feuillage traité. De nombreuses études scientifiques ont démontré que le Btk est sécuritaire, autant pour la santé humaine qu’animale, ainsi que pour la végétation et l’environnement. Il est d’ailleurs homologué par Santé Canada.

La mise en place du programme de protection en petite forêt privée a demandé une grande capacité d’adaptation à la SOPFIM et à ses partenaires. Le morcellement du territoire, combiné à la très petite taille des superficies à traiter ont induit plusieurs modifications aux pratiques courantes. Qu’à cela ne tienne, les évaluations aériennes qui sont effectuées chaque année sur une portion des aires traitées après le programme de pulvérisation démontrent un taux de réussite qui, année après année, frôle le 100 %. C’est donc sans prétention, mais avec beaucoup de fierté que l’on peut dire que la SOPFIM est un précieux allié dans la protection des forêts privées québécoises!