Environnement 23 mars 2022

Les producteurs prêts pour un virage environnemental généralisé

LÉVIS – Après une première édition en 2019, le Sommet agroenvironnemental est revenu en force le 15 mars à Lévis afin de convaincre les intervenants des milieux agricole, universitaire et politique de la nécessité d’accroître les efforts visant à améliorer les pratiques environnementales à la ferme.

Le chercheur Jérôme Dupras, conférencier et coorganisateur du sommet, espère que le changement s’effectuera à grande échelle dans les pratiques agricoles. « On n’aura jamais 100 % des gens, mais depuis 15 ans la question environnementale a changé pas mal. On devrait voir plus de gens adopter des pratiques durables à long terme », mentionne celui qui dirige la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais. C’est d’ailleurs ce qu’anticipe l’autre organisateur du Sommet agroenvironnemental, l’Union des producteurs agricoles (UPA). Son président, Martin Caron, a souligné dans son mot d’ouverture que les producteurs étaient prêts à faire un virage environnemental « généralisé ».

Jérôme Dupras met toutefois l’accent sur la durabilité des engagements, indiquant qu’il faut trouver le moyen de « verrouiller » les pratiques pour qu’il n’y ait pas de retours vers l’arrière. Il donne l’exemple d’un projet agroenvironnemental auquel il a participé il y a plusieurs années. Une fois que les subventions se sont arrêtées, les pratiques agroenvironnementales n’ont pas été poursuivies par les agriculteurs et la situation est revenue à ce qu’elle était. Il importe d’avoir un véritable engagement des producteurs et de bons soutiens, par différents acteurs comme les MRC et les municipalités, plaide-t-il.

L’agronome Julie Boisvert, conseillère en agroenvironnement au Club Agri-Durable, note une accélération remarquable de l’adoption des pratiques de santé des sols. Elle a toutefois indiqué aux quelque 250 participants au sommet qu’un écart important est en train de se creuser entre les producteurs. « Un groupe de producteurs se détache et prend la tête. Ils ont une vision long terme […].  Il y a un groupe qui avance moins vite pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons […]. Il faut appuyer ces deux groupes de différentes façons », recommande Mme Boisvert.

Des tendances lourdes

Cette dernière note une aberration, soit l’utilisation excessive d’azote. Une vision partagée par le chercheur en chimie analytique environnementale Sébastien Sauvé, de l’Université de Montréal. Il a signalé lors du sommet que l’augmentation phénoménale de l’utilisation de l’engrais dans les bassins versants était une tendance lourde. Son diagnostic est similaire pour les pesticides. « Oui, il y a beaucoup d’efforts de conscientisation, mais si on veut être lucides, les tendances restent présentes », a-t-il témoigné, graphiques à l’appui.