Environnement 25 septembre 2023

Le biochar, pour retenir l’eau… et la vie

C’est la capacité de rétention hydrique qui a capté l’attention du producteur François Tremblay, des Jardins de Sophie. Après un essai sur une parcelle en 2022, il en a mis dans son terreau à semis et puis l’a répandu sur l’ensemble de sa terre maraîchère.
« Mes voisins ont trouvé que ça avait été une saison très mouilleuse et que ça avait nui aux récoltes. Moi, c’est une des meilleures saisons que j’ai eues », dit-il. 

Aux Jardins de la Grelinette, à Saint-Armand, en Montérégie, Maude-Hélène Desroches a appliqué du biochar pour la première fois, cette année. C’est aussi la rétention d’eau qui l’a intéressée, mais pour des raisons inverses, afin qu’elle puisse être redistribuée.

Nous avons des enjeux d’irrigation dans la région. Les nappes phréatiques se vident. On voulait aider à survivre aux périodes de sécheresse.

Maude-Hélène Desroches

Avec les pluies de cet été, ce n’était toutefois pas la meilleure saison pour le vérifier. Mais elle ne regrette pas l’investissement, car le biochar reste dans la terre. « Chaque 5 % qu’on met, c’est un pas en direction d’une meilleure santé de notre sol », est-elle d’avis.

Régis Pilote

Le biochar pourrait également répondre aux enjeux des sols sablonneux. « Il va améliorer la rétention des nutriments et de l’eau, explique Régis Pilote, directeur pour le milieu industriel et les bioproduits au centre collégial de transfert de technologie Agrinova. Il souligne que les agriculteurs dont les sols sont compactés y ont également beaucoup à gagner : « Il aide à restructurer le sol, et pas en une décennie, contrairement aux méthodes actuelles. »  

Pas un engrais

Plusieurs études ont également conclu que le biochar contribue à la croissance des plantes et des arbres. Toutefois, Suzanne Allaire rappelle qu’à la base, ce n’est pas un engrais. « Il est à son meilleur quand on l’utilise en combinaison avec un fertilisant. » 

Cela dit, il peut aussi amener une réduction des apports en fertilisants, réduisant ainsi leurs coûts. Suzanne Allaire a observé une diminution pouvant aller jusqu’à 50 %. « Mais ça varie énormément, explique-t-elle. Ça dépend des besoins de la plante, du sol et de son état, du climat et du biochar. » 

Finalement, les producteurs en serre y gagnent également, en remplaçant, dans les terreaux, la perlite et la vermiculite. « Le modèle a été prouvé comme rentable », ajoute Régis Pilote.

Selon Suzanne Allaire, les productions pour qui le biochar est le plus profitable à l’heure actuelle sont celles à haute valeur ajoutée, comme les produits maraîchers, en particulier dans le brocoli et les choux-fleurs, et le cannabis.