Environnement 28 novembre 2024

La Ferme Lansi robotisera l’épandage de son lisier

Inspirée par ce qui se fait aux États-Unis, la Ferme Lansi se lance dans un projet unique au Québec qui consiste à automatiser toutes les étapes nécessaires à l’épandage du fumier. Elle se dotera d’un grand réseau de tuyaux souterrains par lequel circulera le lisier, de la fosse à purin jusqu’aux champs, où des robots entièrement autonomes s’occuperont de l’appliquer.

On est allés voir ça en Ohio. Le gars avait 10 000 vaches et il n’y avait pas un gallon de fumier qui embarquait dans des réservoirs à purin ou des camions, comme nous on fait. Tout était souterrain, dans des pipelines, et après, c’était étendu par des rampes robotisées. C’est là qu’on s’en va! 

Sylvain Landry, copropriétaire de la Ferme Lansi

L’agriculteur de Saint-Albert, dans le Centre-du-Québec, raconte avoir été convaincu de l’efficacité du système lors d’un voyage aux États-Unis avec une dizaine d’autres producteurs, en août. Il y avait été invité par Guillaume Peeters, propriétaire de l’entreprise Saturn Agriculture, qui introduira au Québec le robot épandeur 360 Rain.

Sylvain Landry

Reconnue comme étant l’une des plus grosses fermes laitières de la province, avec ses 1 315 hectares en culture et son quota de 1 240 kg de matières grasses par jour, la Ferme Lansi serait la première de l’est du Canada à se procurer cette technologie brevetée aux États-Unis. Le réseau de lisioduc, dont elle veut se doter pour approvisionner ses robots, soit un système de tuyaux alimenté à l’électricité qui peut propulser le fumier sur des kilomètres de distance, serait aussi plutôt unique au Québec.

Reconnue comme étant l’une des plus grosses fermes laitières de la province, la Ferme Lansi serait la première de l’est du Canada à se procurer ce robot épandeur breveté aux États-Unis. Photo : Caroline Morneau/Archives

Un projet à 5 M$

À terme, Sylvain Landry estime à 5 M$ le coût du projet qu’il souhaite déployer, lequel inclurait cinq robots 360 Rain de 500 000 $ chacun et un réseau de lisioduc, impliquant une quinzaine de kilomètres de tuyaux souterrains et une vingtaine de sorties, à différents endroits dans ses champs. Les travaux commenceront sous peu, avec l’objectif qu’une première phase soit en activité au printemps.

« C’est un projet sur plusieurs années. Pour l’instant, la ferme a commandé un robot et on prévoit qu’il y aura 1,5 kilomètre de lisioduc d’installé d’ici le printemps », mentionne Guillaume Peeters, qui est bien au fait du projet.

Pour Sylvain Landry, ces installations auront de nombreux avantages. « Il n’y aura plus de tracteurs sur les routes, il y aura moins de risques d’accident et de compaction », énumère-t-il.

Un épandage plus efficace

Sylvain Landry, copropriétaire de la Ferme Lansi, estime que le robot 360 Rain lui permettra, grâce à une application plus efficace du lisier au bon moment, de réduire considérablement la quantité de matière fertilisante dont il aura besoin.

Normalement, explique l’agriculteur, l’épandage ne se fait pas en plein été, car la machinerie n’a pas suffisamment d’espace, à cette période, pour passer entre les rangs de maïs. Les producteurs disposent donc de courtes fenêtres de temps pour effectuer la tâche, au printemps et à l’automne, ce qui force l’application de grandes quantités de fumier. Comme la plante n’a pas toujours le temps de tout absorber avant une averse, les risques de lessivage sont grands. Or, la technologie dont il fera l’acquisition est conçue pour pouvoir répartir l’application du lisier tout au long de l’été, en plus petites quantités et au bon moment de la croissance du plant, de sorte qu’elle peut tout absorber au fur et à mesure.

« On prévoit une économie d’engrais de 50 %, parce que le fumier qu’on met à l’automne est souvent lessivé. Cette machinerie-là va éviter ça, fait-il valoir. Actuellement, on utilise mal le lisier. Là, on va l’utiliser comme du monde! »

Le distributeur du robot 360 Rain au Québec, Guillaume Peeters, précise que tout peut être contrôlé pour permettre le bon dosage de matière fertilisante à l’hectare qui favorise le rendement. L’engin, qui circule à moins de 1 km/h, peut couvrir entre 12 et 16 hectares en 24 heures.