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Le fonds Inlandsis a 130 M$ en poche et attend l’appel téléphonique des agriculteurs et des propriétaires forestiers québécois qui aimeraient faire financer un projet de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Quelques projets de captation de méthane dans des fermes laitières ainsi que de boisement ou de reboisement ont déjà été financés par Inlandsis, principalement aux États-Unis et au Canada anglais. « On voudrait tout l’investir au Québec, mais on va ailleurs, car on n’est pas capables de tout l’investir ici », précise Mark Netto, l’un des directeurs.
C’est que le fonds Inlandsis est géré par deux organisations basées au Québec, soit Fondaction, un fonds de travailleurs créé à l’initiative de la CSN, et Priori-T Capital, une firme qui offre des placements privés misant sur le marché du carbone. Le tic-tac de l’horloge se fait toutefois entendre, car les gestionnaires du fonds ont cinq ans pour investir les 130 M$, et il reste maintenant trois ans et demi pour y arriver. Dans cette optique, ils ont lancé un appel d’offres en juillet pour recevoir des projets d’investissement au Québec, plus particulièrement dans le milieu agricole et forestier.
Mark Netto dit avoir déjà reçu quelques soumissions, dont des projets de biométhanisation au Québec. Un projet intéressant concerne la transformation de résidus forestiers pour en faire du biochar. Produire une tonne de biochar nécessite de quatre à cinq tonnes de biomasse forestière et une tonne de biochar peut séquestrer l’équivalent de deux à trois tonnes de CO2, ce qui permet ensuite de vendre des crédits carbone, indique M. Netto.
Car justement, pour que les projets soient acceptés, il faut qu’Inlandsis puisse recevoir les crédits carbone générés par les projets et les vendre sur les marchés. Le nombre de crédits carbone vendu doit permettre au fonds de réaliser un rendement financier significatif sur le projet. « Si le rendement n’est pas là, on ne peut pas investir », précise le codirecteur.
Les projets à caractère environnementaux sont parfois risqués, étant donné qu’il peut arriver que les investissements effectués n’entraînent pas autant de crédits carbone qu’anticipé. En raison de ce risque, le Fonds Inlandsis vise des projets qui généreront des rendements financiers assez élevés pouvant tourner autour de 20 %. Ce rendement n’est pas strictement réservé à la vente des crédits carbone. Une ristourne sur les ventes de biogaz émanant, par exemple, d’un procédé de biométhanisation mis en place dans des fermes laitières pourrait également être considérée, précise M. Netto.
Les projets de réduction de GES sont difficilement accessibles pour un seul agriculteur, puisqu’il nécessite l’éternelle contrainte de comptabilisation des GES à la ferme dans le respect des protocoles nationaux, ce qui nécessite l’implication d’une firme-conseil ou le regroupement de producteurs pouvant se payer les services d’une firme-conseil.
L’objectif d’Inlandsis consiste à réduire l’équivalent de 24 millions de tonnes de CO2 au cours des 10 prochaines années, soit l’équivalent des émissions annuelles de 2,79 millions de Québécois.