Environnement 25 novembre 2020

Des « dompes » en milieu rural

Le milieu rural offre parfois le triste spectacle d’amoncellements de vieux pneus entremêlés de ferraille et de résidus divers laissés en bordure de champs, de cours d’eau ou de boisés. « Il y a des gens qui dompent n’importe quoi, n’importe où. Ici à l’île d’Orléans, il y a quelqu’un qui a laissé dans le bois 3 000 à 4 000 vieilles chaudières pour l’eau d’érable et un ancien évaporateur qui pourrissent là. […] Nous, on est un organisme sans but lucratif qui nettoyons tout ça. Depuis 2013, on a sorti au-dessus de 7 millions de kilos de déchets de la nature », dit fièrement Marcel Poiré, cofondateur de l’organisme PurNat.

Des milliers de vieilles chaudières ont été laissées à l’abandon sur l’île d’Orléans, près de Québec.
Des milliers de vieilles chaudières ont été laissées à l’abandon sur l’île d’Orléans, près de Québec.

Son équipe compte une dizaine de personnes qui sillonnent le Québec pour enlever les débris laissés dans la nature. Même si l’organisme tente de maintenir les frais au minimum, la location des conteneurs et la disposition des déchets demeurent coûteuses. En moyenne, PurNat charge entre 10 000 $ et 50 000 $ pour nettoyer un site.

Petits dépotoirs illégaux

Les cas d’amoncellement de débris sont nombreux. Parfois, il s’agit d’un individu qui s’est débarrassé de ses vieux électroménagers en les balançant illégalement dans la pente d’un cours d’eau ou d’un entrepreneur en construction qui déverse des résidus en cachette dans l’entrée d’un boisé. Les cas les plus fréquents, selon Marcel Poiré, concernent cependant les propriétaires qui accumulent eux-mêmes des débris sur leur propre propriété. « Il y a des sites en campagne qui ne sont vraiment pas chics.  On trouve des tas de débris, des restants de bâtiments, des carcasses de camions ou des vieux équipements agricoles.  La végétation pousse à travers ça. Ce sont des petits dépotoirs illégaux », décrit M. Poiré.

Il arrive aussi que des gens accumulent pendant des années sur leur terrain des objets inutiles et obsolètes, sans jamais vouloir s’en départir, un trouble mental appelé syndrome de Diogène.

Certains propriétaires se décident à faire le ménage alors que d’autres sont forcés de le faire sur l’ordre de la municipalité ou du ministère de l’Environnement. « Le pire endroit qu’on a fait, c’est près de Saint-Hyacinthe. Ça nous a pris trois semaines pour tout cleaner. Le monsieur avait accumulé des vieilles voitures et un peu de tout. C’est la municipalité qui nous mandaté pour intervenir. C’est le plus gros montant qu’on a chargé à date : 150 000 $. La municipalité nous a payé et elle a refilé la facture au propriétaire sur son compte de taxes », explique M. Poiré. 

Ce que dit la loi

La réglementation municipale peut interdire à tout propriétaire ou occupant de déposer des matières ­pouvant être une cause de nuisance ou d’insalubrité. « Chaque municipalité peut réglementer ce genre de situation par le biais de son règlement en matière de nuisance, voire même son règlement de zonage », explique Patrick Lemieux, porte-parole de l’Union des municipalités du Québec.

La réglementation peut donc varier d’une MRC à l’autre et même d’une municipalité à l’autre. À la suite de la plainte d’un voisin, celle-ci peut transmettre une mise en demeure au propriétaire ou à ­l’occupant fautif afin qu’il fasse disparaître les objets qui posent problème. Si la personne ne se conforme pas, la municipalité peut demander à un juge de la Cour supérieure de l’autoriser à prendre les mesures ­nécessaires, aux frais du contrevenant.

Au niveau provincial s’ajoute la Loi sur la qualité de l’environnement qui prévoit de nombreux mécanismes de protection de l’environnement et de la qualité de la vie.

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