Régions 29 janvier 2019

Goulot d’étranglement pour les travailleurs étrangers

Les employeurs qui réclament de la main-d’œuvre étrangère pour la prochaine saison sont 30 % plus nombreux cette année. Une situation qui donne du fil à retordre aux producteurs devant composer avec des délais deux fois plus longs et possiblement des retards pour l’arrivée de travailleurs à la ferme.

Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) déborde du côté d’Immigration et Citoyenneté Canada. Le nombre de demandes d’études d’impact sur le marché du travail (EIMT) présentées au Québec est passé de 5 209 en 2017-2018 à 6 925 en 2018-2019. Une hausse de 33 % due « à la pénurie de main-d’œuvre au Québec et dans le reste du Canada », indique le ministère fédéral par courriel.

« On n’a pas eu de répit depuis mars de l’année dernière », témoigne Fernando Borja, directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). L’organisme aide de plus en plus d’employeurs chaque année à produire leur demande. Fait particulier, ils ne proviennent pas tous du milieu agricole. « On a beaucoup de compagnies dans la restauration et l’hôtellerie. Dans la région de Québec, le taux de chômage est très faible », souligne-t-il.

Toutefois, c’est dans le secteur laitier que les besoins se font le plus sentir. « Il y a moins de personnel [avec le manque de relève apparentée]. Le problème, c’est la stabilité des travailleurs locaux pendant une période demandée », constate M. Borja. Ce dernier estime que l’exode des jeunes vers les villes et la plus grande offre de contrats à l’année dans le secteur commercial nuit plus que jamais au travail saisonnier. « Ça risque d’être assez catastrophique le manque de main-d’œuvre au cours des prochaines années », appréhende-t-il. En 2018, FERME  avait accueilli 10 797 travailleurs.

Délais

En moyenne, le nombre de jours de traitement pour les demandes dans le secteur de l’agriculture a plus que doublé en un an au pays, passant de 20,9 en 2017-2018 à 42,2 en 2018-2019, selon Immigration et Citoyenneté Canada.

« Le gouvernement fédéral a récemment investi […] 1,7 M$ au Québec pour gérer l’accroissement des demandes et réduire les délais de traitement. […] Cela a permis d’embaucher 34 employés supplémentaires pour œuvrer au traitement des demandes d’EIMT », a répondu le ministère fédéral par courriel.

Par ailleurs, l’organisme invite les employeurs « qui peuvent raisonnablement justifier le traitement prioritaire de leur demande » à communiquer avec leur centre de traitement des demandes d’EIMT de Service Canada.

Comme solution au problème, M. Borja propose que les démarches administratives soient simplifiées pour les employeurs qui ont recours à des travailleurs étrangers, année après année.

Données biométriques

Depuis le 1er janvier 2019, les travailleurs étrangers doivent dorénavant fournir des données biométriques, c’est-à-dire leur photo et leurs empreintes digitales. Les données sont collectées par le centre de réception des demandes de visas dans le pays du demandeur.

« On avait peur [des délais de traitement] au début, mais le gouvernement a bien travaillé avec l’ambassade à Mexico [d’où proviennent le plus grand nombre de demandes]. On ne pense pas qu’il y aura un gros impact sur l’attente », estime Fernando Borja, directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). Le gouvernement canadien a consenti à ce que les travailleurs mexicains qui font partie du Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS) puissent éviter la biométrie pour la saison 2019.