Élevage 25 janvier 2019

Les médecins vétérinaires approuvent la nouvelle réglementation

Même si la nouvelle réglementation du ministère québécois de l’Agriculture s’appliquera seulement aux producteurs, les vétérinaires seront indirectement affectés. Cependant, ils se positionnent en faveur de la réduction de la prise d’antibiotiques par les animaux de ferme.

Curatif

À partir du 25 février, l’usage préventif des antibiotiques de classe 1 sera interdit et ne pourra être utilisé que de manière curative. « L’aspect économique ne sera plus un argument pour laisser des antibiotiques aux producteurs. C’est là qu’il y aura une adaptation. Si j’ai besoin de me servir d’un antibiotique de classe 1, il faudra que j’aie un dossier blindé. [Sinon], je serai dans le trouble avec mon ordre professionnel lorsqu’il viendra m’évaluer », indique le directeur général de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec, Michel Savard. 

Caroline Kilsdonk. Crédit photo : Maryse Massy
Caroline Kilsdonk. Crédit photo : Maryse Massy

De son côté, la présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), Caroline Kilsdonk, souligne que la modification réglementaire était connue depuis longtemps et que les professionnels avaient le temps de s’y préparer et de modifier leurs pratiques. 

En mode prévention

Les deux organismes se positionnent en faveur de la lutte contre la résistance aux antibiotiques, puisqu’il en va de la protection du public et de la santé des producteurs. « Aimes-tu autant [continuer à] utiliser des antibiotique de classe 1 et [être] résistant quand tu seras malade dans 20 ans? Si tu veux survivre, tu ferais aussi bien de changer d’idée », souligne M. Savard. Dans les fermes, il faudra tenter de prévenir les maladies des animaux sans passer par la médication, ce qui se traduira par une meilleure régie, des programmes de vaccination contre certaines maladies, de bons suivis, etc.

Pénurie vétérinaire

Les modifications réglementaires de Santé Canada et du ministère québécois de l’Agriculture alourdiront davantage la charge de travail des vétérinaires œuvrant en région éloignée au Québec. « Ce sera une restriction supplémentaire pour une industrie qui souffre déjà d’un manque de vétérinaires spécialisés dans les grands animaux, affirme Murray Gillies, le vétérinaire chargé de la formation chez Vetoquinol. Certains ne pourront faire le travail supplémentaire parce qu’ils n’arrivent même pas à accomplir leurs tâches journalières. » La présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, Caroline Kilsdonk, assure qu’énormément de sensibilisation est effectuée pour régler le problème et que des projets sont en voie d’être réalisés. L’Ordre, la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et le ministère de l’Agriculture devraient faire des annonces prochainement.  

Conseils pour éviter l’usage des antibiotiques de classe 1

  • Adopter une bonne régie de troupeau; 
  • Prioriser la prévention : colostrum, vaccination, ventilation, biosécurité, traite fréquente, etc.;
  • Obtenir un diagnostic précis, possiblement avec culture et antibiogramme, lorsqu’un épisode de maladie se produit;
  • Traiter adéquatement avec l’antibiotique efficace d’une classe inférieure si c’est indiqué;
  • Tenir compte des événements survenus dans le troupeau pour réviser les pratiques.

Source : Ordre des médecins vétérinaires du Québec

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