Élevage 2 septembre 2014

Colbex sous le contrôle de ses créanciers

La Fédération des producteurs de bovins espère une vente en bloc plutôt qu’un démantèlement.

Coup de tonnerre dans le dossier Levinoff-Colbex. La Banque Nationale, principal créancier, vient d’obtenir le feu vert des tribunaux pour prendre le contrôle de l’abattoir aux prises avec d’énormes difficultés financières qui menacent sa survie.

« Étant donné la situation financière de l’entreprise d’abattage de bovins de réforme Levinoff-Colbex, un séquestre a été désigné par le tribunal à la demande de ses créanciers », peut-on lire dans un communiqué transmis vendredi par la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ).

Le séquestre aura la responsabilité de gérer et de prendre les décisions « pour la suite des choses », précise la Fédération.

La Fédération précise aussi qu’elle n’a « aucun contrôle sur les affaires de l’entreprise et la mise sous séquestre ». Elle dit toutefois « privilégier l’option d’une vente en bloc à un seul acquéreur » afin d’éviter le démantèlement des biens et pour ainsi faciliter la relance de l’entreprise.

« Pour la FPBQ, l’objectif demeure aujourd’hui encore la continuité des opérations chez Levinoff-Colbex », souligne de plus la Fédération dans son communiqué.

« Aujourd’hui, nos pensées se dirigent vers les employés de l’entreprise et leur famille qui vivent des moments difficiles », peut-on lire également lire dans le communiqué.

Rappelons que la Banque Nationale avait consenti un prêt de 32 M$ auprès de Levinoff-Colbex.

L’abattoir perdait 1 M$ par mois

La pression était devenue intenable pour les dirigeants de Levinoff-Colbex, qui ont remis leur démission en bloc le 27 mai, incapables d’obtenir le financement intérimaire requis pour la mise en œuvre du plan de relance de l’abattoir criblé de dettes et au bilan financier désastreux.

L’abattoir perdait plus de 1 M$ par mois, ses pertes pour l’exercice 2011 dépassaient les 7,5 M$ et il devait à ses créanciers fournisseurs environ 5,5 M$.

Pour maintenir ses activités jusqu’à la fin d’août 2012, Levinoff-Colbex aurait eu besoin d’une injection de 3 M$. Cela aurait permis à l’abattoir de Saint-Cyrille-de-Wendover de « finaliser la mise en place du refinancement global destiné au plan de restructuration ».

C’est ce qu’on apprend à la lecture de la volumineuse requête déposée jeudi dernier en Cour supérieure par la Banque Nationale, principal créancier de l’entreprise d’abattage. Le solde du prêt bancaire était de 22 M$ à la fin de l’exercice financier 2011 de Levinoff-Colbex.

À compter du moment où la direction de Levinoff-Colbex a réalisé qu’elle se dirigeait tout droit dans le mur, les événements se sont précipités. Lors de la fin de semaine des 26 et 27 mai, la direction a appris que le financement intérimaire requis pour son plan de relance était « incertain » et pourrait ne pas lui être accordé « en temps utile ».

Le 28 mai, la direction a rencontré les représentants de la Banque Nationale pour les informer qu’elle mettait fin aux activités d’abattage. Elle a du même coup informé la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ) qu’elle suspendait ses activités « pour une durée indéterminée », compte tenu que la situation financière de l’entreprise ne lui permettait pas de « maintenir ses opérations habituelles ».

Le lendemain, la direction s’est retrouvée sans direction, et tous les administrateurs et dirigeants avaient quitté le navire.

Carcasses d’animaux

Parmi les faits qu’elle a exposés pour justifier la nomination du syndic RSM Richter Chamberland dans cette affaire, la sixième banque au pays précise qu’elle « souhaite assurer la conservation et, ultimement, la liquidation » de l’entreprise d’abattage du Centre-du-Québec. La Banque Nationale insiste également sur l’urgence de la situation qui prévaut au sein de l’entreprise. Elle s’inquiète que « les dernières carcasses d’animaux entreposées sont vouées à dépérir et à se déprécier rapidement ».

Le syndic Benoît Gingues, de la firme RSM Richter Chamberland, n’a pas été en mesure de commenter le dossier, vendredi en fin d’après-midi. « Je ne peux vous parler pour le moment », a-t-il dit à la Terre.

Même réaction du côté de la Banque Nationale. « Nous ne pouvons faire aucun commentaire, étant donné le processus judiciaire en cours », a résumé le porte-parole de la Banque, Claude Breton.