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DRUMMONDVILLE — Les producteurs et industriels laitiers sont à la croisée des chemins et devront se serrer les coudes pour surmonter les défis qui « n’ont jamais été aussi inquiétants », soutient Charles Langlois, PDG du Conseil des industriels laitiers du Québec.
« Nous n’avons jamais fait face à autant d’enjeux simultanément et il devient de plus en plus important que les producteurs et les transformateurs travaillent ensemble pour les affronter », a-t-il confié en entrevue à La Terre, lors de la tenue du Rendez-vous laitier où il a exprimé ses craintes et les frustrations de l’industrie, actuellement sous pression.
« Les prochaines années seront cruciales [en raison des accords commerciaux avec l’Europe, les pays de la zone transpacifique, les États-Unis et le Mexique], avait-il déclaré auparavant, devant les nombreux participants réunis à Drummondville. La question est de savoir comment nous allons arriver à trouver des solutions, dans nos usines et dans les fermes. »
Charles Langlois se montre très critique et virulent à l’égard du gouvernement Trudeau, déplorant au passage le manque de soutien et d’accompagnement de ce dernier pour aider les entreprises d’ici à traverser la tempête. « On est en train de donner notre marché, mais on ne reçoit aucune aide », décoche-t-il. Il chiffre les pertes autour des 5 G$. « C’est 10 % de notre marché qu’on laisse aller aux étrangers », calcule-t-il.
Parmi les stratégies qu’il propose, Charles Langlois évoque la possibilité d’explorer de « nouveaux marchés d’exportation » dans des pays qu’il n’identifie pas, mais qui sont, dit-il, « moins internationalisés ».
Le lait malmené
Sur un tout autre enjeu, il reproche à Santé Canada de ne pas avoir consulté l’industrie laitière dans l’élaboration du nouveau Guide alimentaire canadien. Il craint les répercussions de cette nouvelle orientation « santé » sur le comportement des consommateurs qui pourraient « délaisser nos produits ».
Rappelons que les Producteurs laitiers du Canada ont été exclus du processus de conception du Guide, tout comme tous les autres groupes de l’industrie alimentaire.
Gare à l’endettement
Chose certaine, relève de son côté Daniel-Mercier Gouin, professeur en agroéconomie à l’Université Laval, tant les producteurs laitiers que les transformateurs se doivent de limiter leur endettement « pour ne pas frapper un mur » dans un marché incertain et en profonde transformation, où les marges sont minces et de plus en plus fragilisées.
Il invite les agriculteurs québécois à faire preuve de prudence budgétaire et à ne pas se lancer dans la construction de « grosses étables avec des robots de traite », sans avoir pris le temps de calculer le retour sur l’investissement.
« On peut comprendre que la régulation laitière, au Québec, amène une meilleure stabilité des prix, mais aussi un plus grand risque de croire qu’on est dans une zone de confort, soumet-il. On pense qu’on est en sécurité, on s’endette sans bon sens et on dépense. Mais quand le prix du lait baisse, même si c’est de 6 %, on peut se retrouver dans le trouble. Il y a là matière à réflexion. »
Yvon Laprade, collaboration spéciale.