Économie 16 février 2023

L’achat d’une érablière qui ne sera pas rentable

La construction de cabanes à sucre ou l’achat d’érablières non rentables s’observaient déjà dans le passé, mais la situation atteint un niveau supérieur, analyse Alexis Cormier, directeur de comptes marché agricole chez Desjardins Entreprises.

« Il y a beaucoup de dépassements de coûts dans les cabanes à sucre. Investir 300 000 $ pour une cabane de 3 000 entailles ou même de 5 000 entailles, c’est sûr que ça n’arrive pas. Les manques à gagner [à la suite de l’achat d’une érablière] sont plus grands aujourd’hui. Comme prêteur, on regarde les plans d’affaires et on veut s’assurer que les gens sont bien conscients dans quoi ils s’embarquent. »

Calculer avant d’investir

L’économiste Jean-François Drouin, du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture, a présenté des conférences cet hiver visant à prévenir les futurs acheteurs d’érablières. « Je veux passer le message que c’est important de calculer avant d’investir. [Le démarrage d’une érablière ou l’achat d’une érablière qui nécessite plusieurs améliorations], ce n’est pas nécessairement rentable », dit-il.

Dans sa conférence, il donne l’exemple d’une érablière de 3 000 entailles achetée au prix de 240 000 $, soit 80 $/entaille, une somme à laquelle il faut ajouter 360 000 $ pour la mise à jour de la cabane, de l’équipement et du système de collecte d’eau. L’investissement s’élève à un total de 600 000 $. Or, les ventes de sirop ne permettront pas de payer toutes les dépenses et le remboursement de prêt. Dans les pires scénarios, le nouveau propriétaire devra sortir de sa poche 32 500 $ par année pour produire du sirop avec un rendement hypothétique de 3 lb/entaille. S’il obtient un bon rendement de 5 lb/entaille, il aura tout de même un solde résiduel négatif de -23 500 $ par année, calcule M. Drouin.

Tant Jean-François Drouin qu’Alexis Cormier recommandent aux entreprises en démarrage d’évaluer la possibilité de laisser tomber les lourds investissements dans la cabane et dans l’équipement de bouillage pour plutôt investir dans la collecte de l’eau et la faire bouillir à forfait lors des premières années.


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