Économie 9 novembre 2017

Au-delà des finances, le lien de confiance

Voici trois histoires où la formule vendeur-prêteur de la FADQ a été un facteur important ou même déterminant pour la relève. Ces témoignages recueillis par La Terre illustrent à quel point il est important qu’un lien de confiance s’établisse pour que la formule de la FADQ soit envisagée, surtout pour une relève non apparentée.

Une ferme laitière préservée

La ferme laitière de Louise Drolet pourra finalement continuer ses activités, même si c’était loin d’être évident après la mort tragique de Simon Cliche, le mari de Louise, en 2012. Mme Drolet a depuis décidé de transférer sa ferme de Saint-Joseph-de-Beauce à un employé, Jean-François Giguère. Avant cet accident mortel à la ferme, l’idée de transférer l’entreprise à une relève non apparentée était déjà envisagée par le couple, mais la tragédie a obligé Mme Drolet à modifier le plan.

« On a formé une équipe pour s’en sortir », commente Louise, qui travaille encore à temps plein dans l’entreprise depuis le transfert de 41 % des actions en juillet dernier. La vente finale est prévue en décembre 2018. Au total, c’est 50 % de la vente qui sera effectuée selon la formule vendeur-prêteur. « Notre souhait le plus cher, c’est que l’entreprise continue », affirme Louise, qui précise que son mari représentait la 5e génération à la même ferme. Le taux d’intérêt est de 4 % pour 10 ans, mais avec le crédit d’impôt, cela revient à 2,4 % pour Jean-François. Les deux y trouvent leur compte puisque Louise devait de toute façon placer une partie du montant de la vente.

Jean-François est agroéconomiste et a travaillé comme conseiller pendant quatre ans. Il est arrivé dans l’entreprise en 2012, y a travaillé pendant un an avant de se lancer dans le transfert de la ferme. « C’est un peu le même processus qu’un transfert familial, mais c’est plus délicat, car il n’y a pas de lien de parenté », conclut Louise.

De la location à l’achat

La location d’une ferme par la relève peut aussi mener à un transfert. « J’ai commencé en louant la ferme du propriétaire pendant cinq ans », explique Roger Lévesque, de Normandin. Celui-ci, qui avait deux frères intéressés par la ferme familiale, a entendu dire un jour que la ferme voisine, qui détenait 35 kg de quota, pouvait être louée. Le premier propriétaire, Denis Nadeau, n’était pas certain au départ de lui céder sa ferme puisque sa fille pouvait encore se décider à prendre la relève. Ce projet familial n’a cependant pas abouti et la discussion a commencé avec Roger.

« Après cinq ans, on s’est enlignés sur l’achat de la ferme, mais c’était une grosse bouchée. C’est là que les banquiers ont demandé si le vendeur pouvait en prêter un bout », raconte Roger, qui estime aujourd’hui que ce prêt d’environ 20 % du total a été déterminant pour faire autoriser le reste du financement, qui pouvait autrement bloquer en raison des garanties exigées. L’intérêt est fixé pour cinq ans.

La solution « la moins compliquée »

« C’est mon conseiller qui a amené l’idée de la formule vendeur-prêteur », précise Guillaume Paradis, de Normandin, qui a pris la relève de ferme de ses parents, Martial Paradis et Lise Nadeau, il y a environ 10 mois. Les deux tiers de la somme sont prêtés selon la formule de la FADQ, sans intérêt pendant 15 ans. Les deux prêts combinés équivalent à 50 % de la capacité financière totale de la ferme laitière, ce qui laisse de la place pour développer l’entreprise étape par étape. « Je m’autofinance et j’ai un plan sur 10 ans », explique le jeune agriculteur.

« C’est la chose la moins compliquée pour aider notre garçon », note Martial, qui dit avoir travaillé avec les fiscalistes pour assurer la relève de la ferme. « On lui fait confiance, mais ce sont de bons montants et on ne sait jamais ce qui peut arriver. C’était pour nous protéger », ajoute Lise Nadeau en parlant de la garantie qu’offre la formule.

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