Actualités 5 mai 2021

Un virus inquiète les producteurs de tomates en serre

Depuis l’automne dernier, le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV), aussi nommé la rugose, a fait son entrée dans des serres du Québec. Ce virus hautement contagieux peut faire des ravages importants sur les plants de tomates. Il touche aussi, à moindre échelle, le poivron.

Selon Sébastien Couture, agronome chez Climax Conseil, au moins trois producteurs en serre du Québec sont aux prises avec la rugose. Il accompagne d’ailleurs l’un de ces serriculteurs. C’est en Ontario que le virus aurait été détecté pour la première fois au pays en 2019. Selon l’agronome, il serait bien présent partout au Canada.

Sébastien Couture
Sébastien Couture

L’Agence d’inspection des aliments du Canada soutient que pour les différents cas au Québec, « le virus a été éradiqué ou est en cours d’éradication ». Les producteurs affectés doivent lui déclarer la situation. L’agence mentionne que le ToBRFV n’est pas réglementé pour l’instant, mais que cet aspect est à l’étude.

« Les producteurs sont extrêmement inquiets », affirme Claude Laniel, directeur général des Producteurs en serre du Québec. Il plane encore beaucoup d’incertitudes vis-à-vis ce virus, sur la manière de le détecter et ce qu’il faut faire en sa présence. « C’est un des dossiers les plus nébuleux », ajoute-t-il. Un webinaire a été organisé récemment afin d’informer les membres de son organisation de la présence du virus et les inviter à être vigilants.

D’importantes pertes

Pour se départir de ce virus, la seule méthode existante à l’heure actuelle est de raser tous les plants, de bien désinfecter et de repartir à zéro. « Le producteur doit espérer qu’il n’a rien laissé. Une seule petite feuille contaminée dans la serre peut contaminer les nouvelles plantations. Le virus peut survivre de quelques mois à des années sur des surfaces et dans le sol », prévient l’agronome Sébastien Couture. Il ajoute que si le virus revient, le producteur devra songer à changer de culture.

Claude Laniel déplore de son côté qu’aucune assurance n’existe présentement pour protéger les serriculteurs de ces pertes importantes. La seule façon de s’en prémunir est d’observer des mesures de biosécurité strictes.

Signes d’infection

Sébastien Couture explique que lorsqu’un plant est infecté, il devient faible. Il semble ne pas avoir d’énergie. Ensuite, les feuilles se décolorent et la couleur ressemble à une mosaïque de vert. Les fruits d’un plant infecté mûriront plus rapidement et seront pigmentés de couleurs, un peu à l’image d’une carte du monde, illustre-t-il. À la fin, la tomate aura un aspect rugueux avec des parties brunes, d’où son nom.

Les fruits de ces plants ne sont pas commercialisables et les plants produiront moins. Ce virus est toutefois sans danger pour l’humain. 


Mesures sanitaires strictes

À l’instar des mesures sanitaires liées à la pandémie de COVID-19, Sébastien Couture conseille de faire attention à la présence de visiteurs, de faire désinfecter les mains de tout le monde qui entre dans la serre, de même que les habits, outils utilisés ainsi que les semences. Il suggère aussi de vérifier d’où proviennent les plants, d’éviter les échanges de matériel avec d’autres producteurs et de faire attention aux boîtes qui se rendent à l’épicerie et reviennent à la ferme. Lui-même, qui se promène de serre en serre, s’assure de bien respecter ces règles afin de ne pas devenir un vecteur de propagation.

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