Actualités 21 mai 2019

Un outil pour mieux fertiliser

Bien des agriculteurs ont de la difficulté à estimer la juste quantité de fertilisant à utiliser pour obtenir le meilleur rendement à moindre coût lors de l’épandage d’azote dans leurs champs de maïs. Un nouvel outil, développé par Viacheslav Adamchuk, professeur et chercheur au Département de génie des bioressources, en partenariat avec Agriculture Canada, pourrait bientôt leur prêter main-forte.

Viacheslav Adamchuk, professeur et chercheur au Département de génie des bioressources de l’Université McGill, a développé un outil qui aide les producteurs à la prise de décision lors de l’épandage de fertilisant.
Viacheslav Adamchuk, professeur et chercheur au Département de génie des bioressources de l’Université McGill, a développé un outil qui aide les producteurs à la prise de décision lors de l’épandage de fertilisant.

« Il peut être difficile en effet d’évaluer la bonne dose d’engrais à appliquer, car ce calcul est influencé par plusieurs variables, explique le chercheur. Nous avons voulu créer un système d’aide à la décision qui procurerait aux utilisateurs une simulation numérique de divers scénarios de fertilisation pour leurs champs. »

Cet outil, nommé NumericAg, en est encore au stade de développement. Pour l’instant, il est seulement offert pour l’application d’azote dans les champs de maïs. Ce secteur a été privilégié par le chercheur parce que le maïs est l’une des principales cultures au Canada et que l’azote représente la dépense la plus importante, loin devant le phosphore et les autres engrais.

Ce choix s’explique aussi par le fait que la gestion de l’azote s’avère complexe. Des apports excessifs peuvent réduire la productivité aux champs et générer des pertes dans l’environnement. « Nous voulons aider les agriculteurs à augmenter leurs profits et à diminuer les pertes environnementales. Pourquoi acheter du fertilisant si son application ne se traduit pas en gains? » fait valoir M. Adamchuk.

Fonctionnement

En une quinzaine de minutes, NumericAg calcule les prévisions d’un rendement net selon le coût du produit utilisé. Des simulations sont générées à partir de plusieurs sources de données récoltées sur la fertilité des sols, les conditions climatiques locales ainsi que le prix des fertilisants et des semences. Les utilisateurs peuvent également y ajouter leurs propres données, en indiquant par exemple le rendement qu’ils ont obtenu en fonction d’un scénario ou d’un autre. Bref, plus les producteurs se serviront de cet outil, plus il se précisera, souligne le chercheur.

C’est toute la vision des conseillers agricoles et des producteurs qui pourrait changer avec l’emploi de ce type d’appareil, estime le chercheur. « Ils ont plutôt l’habitude de travailler avec des chiffres absolus, alors que ce prototype exige de manier les probabilités. Et pourtant, ceux qui l’ont essayé ont tous réalisé qu’il pouvait générer des profits, puisque le système, grâce à ses calculs, aide les producteurs à prendre de meilleures décisions en fonction de leurs propres paramètres de culture. »

Viacheslav Adamchuk est actuellement en discussion avec des compagnies qui souhaiteraient reprendre ce concept pour le commercialiser et l’étendre à d’autres cultures, fertilisants et pesticides.

Azote lessivé

Même si le risque de contamination de l’eau par l’azote est faible, celui de la perte d’azote par lessivage a augmenté de 36 % depuis 30 ans, notamment en raison du drainage et du type de sol et des précipitations.

Nathalie Kinnard, Agence Science-Presse