Actualités 4 juin 2019

Roundup : d’autres personnes atteintes du cancer inquiètes

Deux personnes atteintes de cancer ont contacté La Terre à la suite de la diffusion de la nouvelle sur la demande de recours collectif contre Bayer et Monsanto initiée par Liliane Paquette. Ces trois personnes s’inquiètent du fait que leur diagnostic de lymphome non hodgkinien puisse être attribuable à leur exposition au Roundup. L’industrie se défend toutefois en disant que ce produit n’est pas cancérigène.

Tout comme Liliane Paquette, Robert Plouffe est atteint d’un lymphome non hodgkinien depuis 2003. « Quand tu te fais annoncer qu’il te reste six à huit ans à vivre, ça change ta vie et celle de ta famille. J’ai fait des recherches pour comprendre pourquoi j’avais ce cancer. J’ai même été voir un spécialiste à Boston. Il n’a pas pu me le confirmer », explique ce résident de l’Outaouais. Même s’il n’est pas agriculteur, il se servait du Roundup pour l’entretien paysager de ses immeubles locatifs et conservait le produit dans sa minifourgonnette. « Oui, ça sentait fort, mais je ne pensais pas que ça pouvait être cancérigène. Il y a un manque d’information totale sur la toxicité de ce produit et le gouvernement fédéral vient de le réhomologuer pour 15 ans. Je ne comprends pas », s’insurge-t-il. 

Denis Pellerin
Denis Pellerin

À Dunham, en Montérégie, Denis Pellerin est également atteint d’un lymphome non hodgkinien incurable. « J’ai utilisé du Roundup toute ma vie autour de ma maison, sans jamais me protéger. Je n’ai pas de certitude, mais… Chose certaine, j’ai tout perdu avec ce foutu cancer », affirme celui qui doit se faire transfuser des globules blancs chaque mois. Il recommande aux agriculteurs de ne pas employer de pesticides et pour ceux qui doivent absolument le faire : « Protégez-vous », conseille-t-il.

Pas cancérigène

Monsanto et son Roundup ont été achetés l’an dernier par Bayer. Jointe par La Terre, Bayer Canada se dit au courant qu’une demande de recours collectif relative au glyphosate a été déposée au Québec, mais affirme que le Roundup n’est pas la cause alléguée de cancer par les gens. « Nous compatissons beaucoup avec la plaignante [à l’origine du recours collectif], mais les herbicides à base de glyphosate ne sont pas la cause de sa maladie et nous entendons défendre vigoureusement nos produits », mentionne Ginger Rozmus, partenaire des communications pour Bayer. L’entreprise précise que « les résultats des recherches confirment [que le Roundup] n’est pas cancérigène » et promet aux Canadiens que leur santé et leur environnement sont au premier rang de ses priorités.

De leur côté, les Producteurs de grains du Québec suivent attentivement la demande de recours collectif relative au Roundup. « La Cour déterminera si ce fabricant a violé des droits ou des lois. En attendant, nous recommandons à nos membres de continuer à être prudents avec tous les produits qu’ils doivent utiliser dans leur ferme, à lire les étiquettes et à respecter les directives », conseille l’organisme, à la veille de la période habituelle des pulvérisations de pesticides en grandes cultures.  

Se protéger pour 50 $

La compagnie Hazmasters était invitée à l’assemblée générale annuelle des Producteurs de grains du Québec afin de sensibiliser les agriculteurs à l’importance de se munir d’un équipement de protection lorsqu’ils manipulent des pesticides. L’ensemble composé d’un couvre tout, d’un masque respiratoire, de gants, de bottes et de lunettes coûte entre 45 et 50 $. Un rabais est même offert aux membres de l’Union des producteurs agricoles. « Ce que les gens ne comprennent pas toujours, c’est que s’ils ne se protègent pas quand ils manipulent les pesticides, ils se mettent à risque et le soir lorsqu’ils rentrent à la maison avec leurs mêmes vêtements, ils la contaminent aussi », dit Stéphane Mercure, représentant pour Hazmasters. Il mentionne que les producteurs de grains commencent à demander de l’équipement de protection, mais « tant qu’un organisme comme la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail n’imposera pas une loi, l’ensemble des agriculteurs ne l’utilisera pas », estime-t-il.  

Photo : Martin Ménard / TCN
Photo : Martin Ménard / TCN

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