Économie 22 août 2017

Les producteurs de bleuets s’inquiètent

Alors que la saison des bleuets est sur le point de débuter au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le Syndicat des producteurs de bleuets du Québec (SPBQ) demande de meilleurs programmes de gestion des risques, sans quoi plusieurs producteurs devront mettre la clé dans la porte. 

« Il faut que le gouvernement et la Financière agricole s’attardent à développer des programmes spécifiques à la production de bleuets et il faut surtout quelque chose pour indemniser les producteurs pour la récolte 2017 », explique le président du SPBQ, Ghislain St-Pierre.

Le président s’attend cet été à une production moyenne et à un prix de 0,20 $/lb (première avance), soit quatre fois moins qu’en 2012. « Est-ce que [les programmes Agri-stabilité et Agri-Québec+] sont assez sensibles pour se déclencher dans un cas comme cette année où, en plus du prix qui est à terre, la récolte sera ordinaire? Je ne suis pas certain », s’inquiète-t-il.

La Financière agricole du Québec suit le dossier de près. « On est sensibles à la situation et le traitement des dossiers va se faire rapidement compte tenu de la situation contextuelle de la filière bleuets », assure le directeur régional pour la Financière au Saguenay, Yves Lefebvre, qui précise que les producteurs peuvent demander un traitement provisoire de leur dossier et recevoir une avance de paiement.

Selon la Financière, la récolte 2017 devrait être marquée par des rendements moyens et un prix bas. « Donc, on s’attend à ce que les programmes jouent leur rôle », affirme M. Lefebvre.

Le SPBQ travaillera néanmoins dans les prochaines semaines sur un projet d’assurance stabilité plus sensible qui serait « à la hauteur de ce dont les producteurs de bleuets ont besoin ». Le président veut présenter ce projet au gouvernement Couillard. « C’est sûr qu’on aimerait que les améliorations au programme soient récurrentes, mais on veut au moins s’assurer que ça embarque cette année », précise M. St-Pierre, qui demande aux autorités de passer à l’action rapidement.

Il faut sauver les producteurs

Sans véritable filet de sécurité, craint Ghislain St-Pierre, plusieurs producteurs pourraient disparaître, surtout ceux qui ont dû s’endetter pour acheter des terres.  

« Si les programmes se déclenchent pour la récolte de cette année, l’année 2018 va être commencée. Pour ceux qui sont endettés, ce n’est pas avec 0,20 $/lb qu’ils vont passer à travers, s’inquiète-t-il. C’est très malheureux, ce qui se passe. Il y a des familles qui vivent de la production de bleuets. Il faut les sauver! »

Rappelons que le programme Agri-stabilité couvre une baisse de 30 % de la marge de production (15 % pour Agri-Québec+).

« À 28 %, le programme n’embarque pas, mais tu dois quand même absorber cette baisse-là. Ça fait mal », illustre Gilbert Lavoie, économiste-conseil chez Forest Lavoie Conseil.

L’appui de l’UPA

Lors d’une journée champêtre aux champs organisée par le SPBQ, le président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, a réitéré son appui aux producteurs de bleuets.

« J’ai bon espoir qu’on pourra tabler ensemble sur un plan d’action spécifique, avec comme objectif de développer le secteur sur des bases solides à moyen et long terme pour les producteurs et l’ensemble de l’industrie », a-t-il affirmé, rappelant l’importance d’avoir des programmes de gestion des risques « stables, efficaces, flexibles et financés adéquatement ».

Nouveau calcul du coût de production

Le SPBQ a commandé une étude sur le coût de production des bleuets dont les résultats seront connus en octobre prochain. Avec cette étude, le syndicat veut rencontrer la Financière pour que la prime d’assurance soit ajustée en fonction du coût de production réel. Il se chiffre actuellement à 0,28 $/lb. Comme ce montant a été établi en 1999, le syndicat s’attend à ce que le coût de production calculé cette année soit supérieur.