Régions 20 septembre 2018

Le grand mouvement pour redéfricher les terres

La remise en culture des terres en friche devient une priorité dans pratiquement toutes les régions du Québec. L’heure n’est plus aux tergiversations, mais bien aux actions et plusieurs organisations unissent leurs forces.

Des dizaines de milliers d’hectares de terres sont laissés à l’abandon au Québec. On assiste cependant à un réel mouvement à travers la province pour revaloriser les terres en friche. Des initiatives individuelles se multiplient et d’autres, plus structurées, se mettent en branle.

Dans le secteur des Basques, au Bas-Saint-Laurent, près de 500 ha sur les 1 400 en friche viennent d’être remis en culture. « Des jeunes et des moins jeunes se sont établis sur ces terres. C’est ce qu’on veut; que la région soit attrayante », dit Giovanny Lebel, agent de développement agricole à l’Écosociété Les Basques. Ce dernier se donne jusqu’à la fin de l’année 2018 pour contacter tous les autres propriétaires de terres en friche afin de leur demander s’ils veulent les vendre ou les louer à des gens intéressés. 

« Ça va bouger » 

Le Bas-Saint-Laurent est particulièrement actif dans ce dossier. Au bureau régional du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), on a pris l’initiative d’inventorier toutes les superficies en friche de ce territoire. Celles-ci totalisent près de 8 000 ha, dont 80 % ont un potentiel de culture moyen à élevé. 

La directrice Isabelle Poirier mentionne que leur remise en culture demeure « LA» priorité. « C’est sûr que ça va bouger. Nous avons plein d’initiatives complémentaires et tout le monde se parle », lance-t-elle.

Des initiatives partout

La MRC de La Nouvelle-Beauce a fait réaliser l’inventaire des terres en friche de son territoire. Après un envoi postal et deux rencontres destinées aux propriétaires de friches, un premier 20 ha retournera en culture.

Un peu plus loin, la MRC de Lotbinière amorce la revitalisation de ses 1 700 ha de friches. Elle entend miser sur les agents de L’Arterre, un service de maillage jumelant les aspirants–agriculteurs et les propriétaires, pour créer des contacts avec les propriétaires.

À Saint-Alexis-de-Matapédia, la broussaille qui poussait sur les terres à l’entrée de la municipalité décourageait le maire et producteur Guy Gallant. « C’est démotivant pour les agriculteurs qui restent et leur relève potentielle. Et ce n’est pas beau pour les touristes qui viennent », mentionne-t-il. Deux producteurs, dont l’un originaire de l’Ontario, ont changé la situation en s’y installant et en remettant en culture près de 200 ha chacun.
Au Témiscamingue, l’inventaire complété conclut que près de 1 000 ha de friches pourrait être revitalisé. La MRC analyse maintenant les possibilités, mettant l’emphase sur l’agriculture biologique. « Il faut cependant agir prudemment, car il y a des spéculateurs qui veulent acquérir des terres à bas prix. Ce n’est pas tout de les vendre; il faut attirer des familles », souligne Claire Bolduc, préfète de la MRC de Témiscamingue.

Dans la MRC d’Abitibi, pas moins de 30 000 ha sont en friche. La majorité de ces surfaces sont irrécupérables pour l’agriculture. Un projet de 7 M$ permettra de reboiser ces secteurs. « On travaille avec l’UPA pour laisser le potentiel agricole là où c’est faisable et reboiser le reste. Le but, c’est de donner de la valeur et une vocation aux terres abandonnées », dit Benoît Mandeville, ingénieur forestier à l’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées.  

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