Économie 12 avril 2021

Autoproduire ses semences ou non ?

Les producteurs de certaines régions périphériques de même que ceux sous régie biologique réclament depuis des années la possibilité d’utiliser les semences provenant de leur propre récolte. Une situation qui ne plaît pas à leurs confrères spécialisés dans la production de semences.

Le droit de ressemer sa propre production a été au cœur d’une discussion animée lors de l’assemblée des Producteurs de grains du Québec qui s’est tenue le 30 mars. « C’est sûr que ça ne fait pas notre affaire que les producteurs réensemencent leurs grains. Et on sait comment ça marche; les compagnies ne seront plus intéressées à faire de la recherche, et nous n’aurons plus de nouvelles variétés », plaide Martin Provencher, président des Producteurs de semences du Québec.

Coûts et disponibilité

De son côté, Pierre Labonté, président du Syndicat des producteurs de grains biologiques du Québec, a rappelé lors de l’assemblée que plusieurs semences biologiques ne sont pas offertes par les compagnies, d’où l’intérêt de pouvoir autoproduire. « Au Québec, si tu veux un prêt pour ta ferme, ton prêteur demande à ce que tu sois assuré, et si tu veux être assuré à la Financière, tu ne peux pas autoproduire ta semence. Tu dois utiliser celle qui est certifiée. Il est temps de se moderniser », a-t-il précisé en entrevue avec La Terre. M. Labonté précise que les producteurs biologiques ont eux-mêmes évolué, étant maintenant prêts à verser des redevances sur l’autoproduction pour développer la recherche.

Des producteurs de céréales qui ne sont pas sous régie biologique désirent tout simplement avoir la possibilité d’autoproduire afin d’éviter d’acheter des semences de plus en plus onéreuses, et ainsi diminuer leur coût de production. Cette pratique est largement utilisée dans l’Ouest canadien. Les délégués ont voté une résolution demandant finalement à la Financière d’étudier les modalités pour retirer l’obligation d’utilisation de semences certifiées selon certaines conditions.