Actualités 19 mai 2020

COVID-19 : les abattoirs, un environnement propice à la survie du virus

Comme plusieurs abattoirs en Amérique du Nord qui ont fait face à des problèmes similaires depuis le début de la crise, l’usine de transformation de viande Cargill de Chambly a été contrainte de fermer ses portes pendant quelques jours la semaine dernière, après l’éclosion de 64 cas de COVID-19 parmi ses employés.

Jean-Pierre Vaillancourt
Jean-Pierre Vaillancourt

Cargill précise que les employés ont continué de toucher un salaire durant l’arrêt des activités et que les animaux des éleveurs ont été temporairement redirigés vers d’autres établissements partenaires. Il s’agit d’une deuxième installation au Québec à devoir fermer complètement en raison de la crise qui sévit, après l’usine Olymel de Yamachiche, qui a procédé au redémarrage progressif de ses activités vers la mi-avril.

Pourquoi les abattoirs?

Selon le professeur Jean-Pierre Vaillancourt, de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, qui se spécialise en biosécurité, l’environnement souvent très humide et frais dans les abattoirs peut favoriser la survie d’un virus comme le coronavirus. « Je ne suis pas étonné que les usines de transformation de viande soient particulièrement touchées par la crise », dit-il, ajoutant que plusieurs autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte, notamment le besoin en manipulation particulièrement élevé que requiert l’abattage de porc ou de dinde. « Ça exige beaucoup de travail manuel, et parce qu’ils sont très nombreux, les gens se retrouvent très rapprochés les uns des autres », note-t-il.

Le spécialiste spécifie que les foyers d’éclosion peuvent aussi se former à l’extérieur des établissements, par exemple, si des travailleurs étrangers vivent à plusieurs dans un même logement ou voyagent ensemble pour se rendre au boulot.

La vice-présidente des services techniques et réglementaires au Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Christine Jean, remarque de son côté que les pratiques sont plus automatisées dans les usines de transformation de légumes, de pommes de terre ou encore dans les boulangeries. « Les travailleurs y sont beaucoup moins nombreux que dans les abattoirs. C’est peut-être pour cette raison que ces usines sont, de façon générale, plus épargnées jusqu’ici », affirme-t-elle. 

Pas encore la haute saison chez Bonduelle

Les usines de transformation de légumes surgelés et en conserve Bonduelle n’ont pas été touchées par la COVID-19. Le directeur général, Daniel Vielfaure, ne s’estime pas pour autant à l’abri. Il a expliqué à La Terre que le nombre d’employés doublera dans ses usines entre juillet et octobre. « En ce moment, ce n’est pas la haute saison. On sera plus à risque cet été », a-t-il reconnu, spécifiant que tous ses employés suivent un protocole d’hygiène strict, portent des masques ou des visières et se lavent les mains régulièrement. Il a toutefois admis que le maintien d’une distance de deux mètres entre les travailleurs n’est pas toujours possible. « On a été chanceux jusqu’ici. On va continuer d’appliquer toutes les mesures nécessaires et de faire le maximum pour la sécurité de nos employés, en espérant que ça continue comme ça. »

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