Actualités 17 septembre 2017

Du cœur à l’ouvrage – Chef d’équipe en production pomicole

Guillaume Poulin n’était qu’un adolescent quand il a fait sa première récolte de pommes. Au fil des ans, il est devenu l’homme de confiance du Verger Le Gros Pierre, à Compton. La qualité de la cueillette repose en grande partie sur ses épaules.

Avec son équipe, Guillaume passe en revue ces temps-ci quelque 8 000 pommiers répartis sur quatre hectares. D’ici la mi-août, il doit délester tous ces arbres de leurs fruits les moins prometteurs, jugés selon leur position par rapport au soleil et le type de branche sur laquelle ils poussent. Près de la moitié de la récolte sera ainsi rejetée pour donner toutes les chances aux autres pommes de mieux grossir et de devenir plus savoureuses.

« C’est un travail manuel difficile et épuisant, mais ça rapporte beaucoup à l’automne. On le voit immédiatement à la qualité des pommes. Parfois, on regarde les allées et on se dit qu’il aurait fallu en enlever davantage. Il faut alors passer une seconde fois », explique le jeune homme à la tête d’une équipe de quatre travailleurs responsables de cette opération déterminante.

Pour ses ouvriers, Guillaume est à la fois le contremaître et le formateur. Il doit gérer la productivité de son équipe tout en s’assurant de la qualité des fruits, très importante puisque son verger écoule sa récolte en majeure partie au comptoir et à l’autocueillette. Pour ce faire, il doit inculquer à ses manœuvres les bonnes méthodes de travail, parfois spécifiques au Verger Le Gros Pierre.

« Un jour, il est arrivé un ouvrier habitué à la cueillette au volume. Il arrachait tout. Le pommier se faisait brasser! Je l’ai arrêté tout de suite. Je lui ai rappelé qu’ici, on est payé à l’heure. Il peut prendre son temps, faire attention aux fruits et ne pas briser l’arbre. De cette manière, on s’assure d’une bonne récolte cette année, et l’an prochain. C’est la vie du verger qu’on protège », explique-t-il.

Guillaume a appris ces méthodes douces lors de stages en France où les pomiculteurs ont plusieurs longueurs d’avance, selon Gaëtan Gilbert, propriétaire du verger. Désormais, par exemple, il laisse les arbres croître de la manière la plus naturelle possible sans se préoccuper de leur esthétique. Le travail traditionnel de l’élagage, autrefois jugé comme primordial, est maintenant réduit au minimum. « Je n’ai plus de sécateur », fait remarquer Guillaume.

Au temps de la récolte, le chef d’équipe doit superviser le travail des cueilleurs. Il les dirige vers les pommiers prêts à être récoltés et il s’assure de la traçabilité des fruits. Ces tâches ne l’empêchent pas de mettre la main à la pâte. « Je donne le rythme de travail en veillant à ne pas aller trop vite. Sinon, les ouvriers auront tendance à vouloir me rattraper et à laisser une partie de la récolte dans l’arbre. »

La cueillette est un travail physique exigeant, reconnaît Guillaume. « Nous cueillons les pommes dans le haut des arbres pour laisser celles du bas aux autocueilleurs. C’est de l’ouvrage, car les gars sont toujours dans les échelles. Ils sont fatigués à la fin de la journée. »

Mais Guillaume ne s’imagine pas faire un autre métier. « La satisfaction de voir toute une récolte sous ses yeux est indescriptible. »

Dans le coffre à outils

Le métier de chef d’équipe en production pomicole est essentiellement un travail manuel. Ses mains sont ses principaux outils. Outre le tracteur et les échelles du verger, Guillaume Poulin utilise simplement un gabarit, une bague, un sac de cueilleur et un carnet de notes.

Le gabarit lui sert à mesurer la taille des branches à l’étape de l’éclaircissage. Il lui indique combien de pommes il devrait laisser en principe sur chaque branche. « C’est du classement de qualité avant même la récolte », explique-t-il.

La bague, munie d’une lame en crochet, est un outil très utile quand vient le temps d’attacher les jeunes arbres. Guillaume peut ainsi se servir de ses deux mains pour tenir le pommier et ses cordes, tout en gardant son couteau à son index.

Le sac de cueilleur de Guillaume fait des jaloux puisqu’il s’agit d’une antiquité en quelque sorte. « Il appartenait à mon grand-père », dit-il avec fierté. D’une capacité de 30 à 40 livres, il se porte devant soi grâce à ses deux bretelles. En un tournemain, son fond s’ouvre pour que les pommes s’échappent délicatement dans les boîtes.

Enfin, le calepin d’inventaire est primordial pour conserver la traçabilité des fruits. Il indique la production de chaque cueilleur par le nom de la variété de pommes, le numéro de l’allée et le volume récolté.