Alimentation 8 janvier 2015

Qualité du lait : d’énormes progrès, mais…

DRUMMONDVILLE — Les producteurs de lait du Québec ont fait des pas de géant au chapitre de la qualité du lait depuis 2010. Ils ont réduit les comptages de cellules somatiques (CCS) de 30 %, les ramenant de 260 000/ml en moyenne en 2009 à moins de 200 000/ml en 2014.

 

Ils devancent désormais l’Ontario et l’Alberta, et pourraient peut-être même coiffer la Colombie-Britannique, la province championne au pays. 
Mais ces progrès ne suffiront malheureusement pas à convaincre les consommateurs « qui ont une autre définition de la qualité du lait », a avancé le vétérinaire Simon Dufour, lors de la 10e édition du Colloque sur la santé des troupeaux laitiers, le 20 novembre dernier.

« De bons résultats obtenus parce que les 6 000 fermes laitières du Québec se sont prises en main », a noté le Dr Dufour, du Réseau canadien de recherche sur la mammite bovine et la qualité du lait. Ce succès résulte d’une conjonction de plusieurs facteurs parmi lesquels la mise en place d’incitatifs a joué un grand rôle. Plus de 80 % des producteurs ont en effet touché la prime à la qualité même si le seuil à atteindre devenait de plus en plus contraignant au fil du temps. Les recherches effectuées par le Réseau ainsi que le transfert des connaissances vers les producteurs figurent aussi parmi les conditions gagnantes. « Les producteurs savaient quoi faire et les primes leur donnaient une bonne raison de le faire », a précisé le conférencier. Qu’il suffise de rappeler que 2 043 producteurs laitiers ont suivi une formation sur la mammite bovine.

Satisfaisant?

Ces données objectives ne suffiront pas aux yeux des consommateurs pour qui la qualité du lait doit tenir compte du bien-être animal et des antibiotiques. « Les consommateurs ont une attitude paradoxale au sujet des antibiotiques, a relevé M. Dufour. Ils refusent leur utilisation alors que ces médicaments empêchent les vaches de souffrir, un élément central du bien-être animal. »

Le conférencier a souligné que « les producteurs de lait font déjà mieux que les autres productions animales quant aux antibiotiques. Mais ils peuvent faire encore mieux, tant pour traiter la mammite, où plus de 50 % des antibiotiques sont utilisés, que lors du tarissement ». Des cultures bactériologiques à la ferme peuvent par exemple réduire de 40 % les cas de mammite traités aux antibiotiques, a-t-il indiqué.

La stabulation entravée, présente dans 90 % des fermes au Québec, constitue aussi un irritant de taille pour les clients des supermarchés. Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers vise à améliorer le bien-être animal, un volet du programme proAction que tous les producteurs de lait canadiens devront respecter d’ici 2023.

Chose certaine, le Québec connaît la recette (recherche, transfert des connaissances et primes) pour devenir le premier de classe au pays pour la qualité du lait, a-t-il conclu.