Alimentation 20 décembre 2017

Quand l’alcool valorise les cultures d’ici

Les microdistilleries représentent un débouché intéressant pour l’agriculture québécoise. Au moment de l’entrevue, Éric Lafrance venait d’effectuer sa 500e distillation.

Toutes ces distillations ont englouti 1,4 million de livres de pommes provenant de ses vergers. L’an prochain, près de 50 % de sa production de pommes servira à la distillation, une façon de rentabiliser son verger et de compenser la décroissance du marché du cidre de glace qu’il entrevoit dans l’avenir.

Éric Lafrance crée son alcool à partir des pommes de son verger. Cette base lui permet ensuite de produire un gin 100 % Québec. Crédit photo : Domaine Lafrance
Éric Lafrance crée son alcool à partir des pommes de son verger. Cette base lui permet ensuite de produire un gin 100 % Québec. Crédit photo : Domaine Lafrance

Le propriétaire du Domaine Lafrance souligne avoir créé deux emplois à temps plein avec la distillation. Éventuellement, il compte exporter son gin. « C’est un marché à exploiter », atteste M. Lafrance. Il prédit que plusieurs vignerons et cidriculteurs s’équiperont d’alambics dans les prochaines années pour créer notamment du cognac et du brandy bien de chez nous.  Il prédit que plusieurs vignerons et cidriculteurs s’équiperont d’alambics dans les prochaines années pour créer notamment du cognac et du brandy bien de chez nous.

Des bleuets au gin

À Roberval, au Lac-Saint-Jean, Philipe Harvey de la Distillerie Beemer travaille depuis 10 ans sur un gin, une vodka et une eau-de-vie conçus à partir de bleuets sauvages. « On a des surplus de bleuets qu’on peut valoriser. Les effluves du bleuet dans l’alcool donnent un résultat assez exceptionnel. Et je crois que pour réussir dans les spiritueux, il faut justement miser sur les caractères régionaux », explique celui dont la distillerie servira aussi de lieu d’enseignement pour la formation de 1 185 heures axée sur le développement d’alcools fins du terroir qu’offrira le Service aux entreprises et aux collectivités du Cégep de Saint-Félicien.

En Montérégie, Stéphan Ruffo, de la microdistillerie Les Subversifs, utilise du grain de sa région pour son whisky. Il parfume son gin avec un légume racine original, le panais, et teste une crème de menthe confectionnée avec de la menthe biologique du Québec.

35 000 tonnes de grains

Les Distilleries Cirka, situées à Montréal, se font une spécialité de créer leur alcool à partir de grains québécois. Environ trois tonnes de seigle, de maïs et d’orge sont employées chaque semaine pour produire leurs gin, vodka et whisky. L’un des fournisseurs de Cirka se trouve à Saint-Télesphore, près de la frontière ontarienne. « On vend de plus en plus de maïs aux distilleries. L’an passé, c’était à peu près 150 tonnes, cette année proche de 250 et nous croyons que cela augmentera », commente Kim McKay, du Moulin St-Georges. Elle précise que les distillateurs demandent du maïs non génétiquement modifié.

Impossible d’obtenir les tonnages exacts de grains employés par toutes les microdistilleries, mais la fédération des Producteurs de grains du Québec estiment que près de 35 000 tonnes de maïs québécois sont employées par les distillateurs, incluant les productions industrielles.